Les forces de l'ordre du Kazakhstan ont annoncé lundi avoir mené à bout une «opération antiterroriste» au cours de laquelle deux hommes ont été arrêtés, accusés d'être responsables d'une attaque ayant fait cinq morts dans la plus grande ville du pays.

Ces événements, inhabituels dans ce pays d'Asie centrale relativement stable, interviennent à peine un mois après des attaques contre une base militaire et des armureries début juin dans l'ouest du Kazakhstan, qui avaient fait sept morts.

Elles avaient été attribuées aux islamistes par les autorités qui affichent une inquiétude croissante devant le développement de l'islamisme radical dans ce pays à majorité musulmane sunnite.

Les attaques ont visé lundi un poste de police et le département du Comité de sécurité nationale à Almaty, ont annoncé les services spéciaux kazakhs (KNB), en relevant aussitôt l'«alerte antiterroriste à son niveau maximal» dans cette ville.

Plusieurs échanges de tirs se sont produits dans la matinée en plein centre d'Almaty où trois policiers ont été tués, selon le ministère de l'Intérieur. Deux civils ont également péri dans les attaques et huit personnes ont été blessées.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé dans l'après-midi l'arrestation de deux assaillants à l'issue d'une vaste «opération antiterroriste», sans préciser si ceux-ci avaient des complices. Peu après, les services spéciaux ont rebaissé le niveau de l'alerte antiterroriste.

Peu de détails ont filtré sur les motivations des assaillants, opposants au président Noursoultan Nazarbaïev, criminels ou encore islamistes radicaux comme certains médias locaux l'affirment.

Deux vidéos largement diffusées sur les réseaux sociaux montrent un homme vêtu de noir, parcourant les rues, une arme automatique dans les mains.

L'un des suspects arrêtés est un homme de 27 ans ayant déjà des antécédents judiciaires et soupçonné d'un meurtre récent, selon le ministère.

Il est accusé d'avoir attaqué un poste de police à Almaty vers 1h (HE), en tirant sur un policier et en s'emparant de son arme automatique, après avoir volé une voiture et avoir tué son conducteur.

Le président kazakh Noursoultan Nazarbaïev, 76 ans, a qualifié les attaques d'«actes terroristes» et convoqué d'urgence une réunion du Conseil de sécurité, en ordonnant de prendre «toutes les mesures nécessaires» pour rétablir l'ordre à Almaty.

Situation tendue

La situation dans le district d'Almalinski à Almaty, où s'est déroulée l'attaque contre le poste de police, était toutefois «très tendue» selon Cholpan, une habitante de 22 ans. «Quand je suis partie de chez moi ce matin, tout était très calme. Mais maintenant je ne sais pas comment je pourrai rentrer à la maison», a-t-elle raconté à l'AFP par téléphone.

Les mesures de sécurité ont été renforcées à l'aéroport d'Almaty, alors que la gare ferroviaire de la ville a été évacuée par la police à la suite d'une alerte à la bombe, selon les services des Situations d'urgence.

Plusieurs banques et supermarchés ont pour leur part fermé les portes bien avant l'heure habituelle, selon une journaliste de l'AFP.

Sept personnes avaient péri début juin lors d'attaques meurtrières à Aktobé, dans l'ouest du Kazakhstan. Dix-huit assaillants avaient également été tués lors de ces violences et de la gigantesque chasse à l'homme ayant suivi.

M. Nazarbaïev, qui dirige le pays d'une main de fer depuis l'époque soviétique, avait accusé des islamistes radicaux d'être derrière ces attaques, en promettant «le plus sévère des châtiments» à leurs auteurs.

Les Kazakhs avaient alors reçu des SMS les prévenant que le niveau d'alerte terroriste avait été relevé pour 40 jours, ce niveau ayant été maintenu vendredi dernier pour un mois de plus.

Après les attaques d'Aktobé, les autorités locales ont annoncé en avoir arrêté «tous les participants», sans donner plus de détail.

La ville d'Aktobé, qui compte quelque 400 000 habitants, avait vu en 2011 le tout premier attentat-suicide du pays, qui avait visé les locaux du KNB.

Fin 2014, les services kazakhs de sécurité avaient fait état de 300 ressortissants kazakhs combattant dans les rangs de l'organisation djihadiste État islamique (EI) et d'autres groupes extrémistes en Irak et en Syrie. Depuis le phénomène s'est amplifié.