Des médias et des internautes pakistanais ont jeté l'opprobre vendredi sur une proposition de responsables religieux voulant accorder aux hommes le droit de «battre légèrement» leurs épouses si elles refusent par exemple de consentir à une relation sexuelle sans justification religieuse.

Le Conseil de l'Idéologie islamique (CII) a rendu public cette semaine son projet de loi controversé en réponse à une législation progressiste adoptée en février au Pendjab accordant plus de droits et de protection aux femmes de cette province, la plus peuplée du Pakistan.

«Un homme devrait être autorisé à battre légèrement sa femme si elle refuse ses ordres et refuse de s'habiller tel qu'il le souhaite, décline des demandes de relations sexuelles sans justification religieuse, ou ne prend pas de bain après un rapport sexuel ou lorsqu'elle a ses règles», peut-on lire dans ce projet de loi, dont des extraits ont été cités par les médias locaux.

Cette proposition a été accueillie par une vague de moqueries dans les médias et sur l'internet vendredi.

Le premier journal en langue anglaise du pays, le Dawn, a publié un article satirique avec une liste de choses que les gens devraient battre à la place des femmes: notamment les oeufs, le dos des bouteilles de ketchup et le succès de Michael Jackson Beat It.

Cet article est un rare exemple de grands médias se moquant de ceux qui affirment parler au nom de la religion au Pakistan, géant musulman de près de 200 millions d'habitants où les atteintes à l'égard du prophète Mahomet sont passibles de la peine de mort selon une loi controversée sur le blasphème.

Le projet du Conseil de l'Idéologie islamique, dont le mandat est de conseiller les parlementaires, a également été condamné par la Commission des droits de l'homme du Pakistan (HRCP), un organisme indépendant, qui l'a qualifié de «ridicule» et appelé à la dissolution de ce conseil de «fanatiques».

«Il est difficile de comprendre comment une personne saine d'esprit pourrait croire qu'il faut plus d'encouragements et de justification aux violences faites aux femmes au Pakistan», a déclaré la Commission.

Conseil de «fanatiques»

Le projet du Conseil de l'idéologie islamique, dont le mandat est de conseiller les parlementaires sur la religion musulmane, a également été critiqué par la Commission pakistanaise des droits de l'homme, un organisme indépendant, qui l'a qualifié de «ridicule» et appelé à la dissolution de ce conseil de «fanatiques».

«Il est difficile de comprendre comment une personne saine d'esprit pourrait croire qu'il faut plus d'encouragements et de justification aux violences faites aux femmes au Pakistan», a déclaré la Commission.

«Ce conseil devrait être dissout, idéalement dans de l'acide», a écrit un utilisateur de Twitter, alors que d'autres internautes exprimaient leur choc et leur colère.

Contacté par l'AFP, le président du Conseil de l'idéologie islamique, le mollah Muhammad Khan Sherani, a expliqué que son projet de loi était encore en cours d'élaboration.

«L'islam n'autorise pas la violence contre les femmes», a-t-il souligné, affirmant toutefois que les différends au sein d'un couple étaient «distincts» de la «torture envers les femmes».

Or la loi pour la protection des femmes adoptée au Pendjab et à laquelle s'oppose ce religieux redéfinit la «violence» comme «toute action à l'encontre d'une femme», y compris les abus domestiques.

Des femmes militent depuis des décennies pour le respect de leurs droits au Pakistan, pays régulièrement endeuillé par des «crimes d'honneur» et des attaques à l'acide.