Un article sur la sexualité des femmes musulmanes a été censuré au Pakistan, dans la version papier de l'édition internationale du New York Times, a-t-on appris de sources concordantes lundi.

L'Américano-Egyptienne  , journaliste reconnue et militante déclarée des droits des femmes, a signé une tribune intitulée «Discussion sur la sexualité pour les femmes musulmanes», publiée vendredi.

L'article, accessible en ligne dans ce pays musulman conservateur, n'a cependant pas été imprimé dans la version papier du journal distribuée au Pakistan avec le quotidien local Express Tribune, qui arborait à la place un espace blanc dans sa page opinions et éditoriaux.

«Il est impossible de publier des articles aussi controversés sur l'islam», a justifié un responsable du journal Express Tribune, parlant à l'AFP sous couvert d'anonymat.

L'auteure évoque dans l'article sa décision d'avoir des relations sexuelles avant le mariage, passant outre les interdits liés à sa religion et à son éducation. Elle dit avoir discuté de ces questions avec de nombreuses autres femmes musulmanes ou arabes qui souffraient de se voir imposer la virginité.

«Ma révolution a été de me transformer, de vierge à 29 ans, en une femme de 49 ans qui déclare désormais sur tous les supports accessibles: mon corps n'appartient qu'à moi. Pas à l'État, ni à la mosquée, ni à la rue, ni à ma famille», écrit-elle. «Et c'est mon droit d'avoir des relations sexuelles quand et avec qui je le souhaite.»

Interrogée par l'AFP, Mme Eltahawy a estimé que la censure de son article montre à quel point les autorités sont persuadées qu'une femme qui «réclame la propriété de son propre corps est dangereuse (...) et qu'il faut la faire taire».

Malgré des décennies de lutte, les droits des femmes sont régulièrement bafoués au Pakistan, où des centaines d'entre elles sont tuées ou défigurées à l'acide chaque année pour avoir agi à l'encontre des souhaits de leur famille ou d'un homme.