Au milieu des secouristes et des médecins qui s'activent au Népal se trouve un autre type de spécialistes: les architectes. Leur mission est double. D'abord s'assurer que les bâtiments qui sont toujours debout ne représentent pas un danger pour la population. Puis, planifier la reconstruction, une tâche qui s'annonce ardue vu l'accès difficile.

«Nous sommes passés par un village tout à l'heure où sur 1400 habitations, il en reste 20 debout. Ça vous donne une idée de ce qui nous attend.»

Patrick Coulombel est cofondateur et directeur de la fondation Architectes de l'urgence, groupe français qui intervient lors des catastrophes. Leur slogan: «Bâtir des murs pour reconstruire des vies». Et des murs, il y en aura beaucoup à refaire au Népal à la suite du tremblement de terre.

«Il est clair que la mission durera plusieurs années», dit d'emblée M. Coulombel, qui est arrivé mercredi à Katmandou pour ensuite mettre le cap vers les régions plus reculées.

Selon ses premières observations, les bâtiments de la capitale, mieux construits, ont généralement mieux résisté que ceux des villages et petites villes des environs.

«À la campagne, les bâtiments sont surtout faits avec des pierres qui ont été liées avec de l'argile, sans ciment. Et ça, lors des séismes, ça ne tient pas», explique M. Coulombel.



Architectes du Québec

Les Français ne sont pas les seuls à envoyer des architectes au Népal. Au Québec, l'organisme Architectes de l'urgence et de la coopération (qui est indépendant du groupe français) planifie aussi une mission.

«Dans un premier temps, on regarde les bâtiments qui sont restés debout et on identifie ce qui est dangereux et ce qui ne l'est pas, explique Bernard McNamara, président fondateur de l'organisation. On commence par les bâtiments publics parce qu'on y donne des soins.»

Les architectes tenteront ensuite d'évaluer le nombre de bâtiments à reconstruire afin d'aider les autres organisations à comprendre les besoins. Puis il faudra planifier la construction, en s'assurant évidemment que ce qui est érigé soit plus résistant.

«L'idée n'est pas d'arriver avec des techniques qui sortent d'une autre planète. Il faut conserver le plus possible les matériaux et les façons de faire locales, mais en les améliorant pour les rendre résistants aux tremblements de terre», explique Bernard McNamara.

Ciment

L'architecte Patrick Coulombel, qui est sur place, croit par exemple que les maisons de pierres des Népalais pourront être reconstruites en utilisant le ciment comme liant plutôt que l'argile, et en ajoutant des renforts d'acier.

«Il y aura un défi pour acheminer le ciment dans certaines zones qu'on ne peut atteindre qu'à pied», dit-il. Une course contre la montre est déjà engagée pour reconstruire le plus de maisons possible avant l'hiver prochain, qui est rigoureux dans cette région à haute altitude.

Le cas du Népal est aussi particulier parce que la capitale a été frappée, fragilisant le gouvernement.

Selon Bernard McNamara, l'un des défis sera aussi de sécuriser, réparer ou rebâtir les nombreux temples et monuments historiques de la région, dont la valeur patrimoniale est inestimable et qui engrangent d'importants revenus touristiques.

«C'est clair que cette mission comportera un volet de protection du patrimoine qui sera très important», dit-il.

Consultez le site d'Architectes de l'urgence et de la coopération: http://architectes-urgence.ca/