Des centaines de personnes tentaient lundi de fuir Katmandou, la capitale du Népal dévastée par le séisme qui a provoqué la mort de plus de 4000 personnes dans ce pays, auquel l'ONU a promis une aide humanitaire massive.

Les rescapés du tremblement de terre, qui a en outre fait plus de 7500 blessés d'après les derniers chiffres fournis dans la soirée par le gouvernement, se ruaient en masse sur les produits alimentaires et les stations-service pour faire des réserves, redoutant des pénuries.

Les craintes de maladies ont également émergé parmi les dizaines de milliers d'habitants ayant perdu leur logement et contraints de camper dans des parcs.

«Il est important d'empêcher une nouvelle catastrophe en prenant des précautions pour éviter des épidémies parmi les survivants», a dit le porte-parole de l'armée, Arun Neupane, à des journalistes.

Des familles se tassaient dans des autocars, certains assis sur le toit, et dans des voitures pour rejoindre leur village d'origine et constater les dégâts.

Des mères agrippant leurs enfants et des hommes portant de gros sacs tentaient de négocier une place avec les chauffeurs de cars pour quitter Katmandou.

De leur côté, munies d'équipements spéciaux et accompagnés de chiens renifleurs, les équipes humanitaires internationales débarquent avec la régularité d'une horloge à l'aéroport de la capitale.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU prépare une opération «massive» d'aide, et espère envoyer au plus vite un premier avion chargé d'aide alimentaire, a annoncé à l'AFP une de ses porte-parole, Elisabeth Byrs.

Le tremblement de terre, le plus meurtrier en 80 ans au Népal, a fait 4010 morts - dont deux Français selon le Quai d'Orsay - dans ce pays, a annoncé le service de gestion des catastrophes du ministère népalais de l'Intérieur. Plus de 90 personnes ont en outre péri en Inde et en Chine.

«Pourquoi toutes ces répliques ?»

Des dizaines de milliers d'habitants de Katmandou ont passé une nouvelle nuit dehors, sous des tentes de fortune.

«C'est un cauchemar, pourquoi ces répliques ne cessent-elles pas ?», se désespère Sanu Ranjitkar, une femme de 70 ans agrippée à son chien, le visage recouvert d'un masque à oxygène, assise sous une bâche.

Le sol tremble encore régulièrement et beaucoup n'ont pas fermé l'oeil de la nuit, n'ayant que quelques bâches en plastique pour se protéger des fortes pluies qui se sont abattues sur la ville.

«Il y a tellement de peur et de confusion», constate Bijay Sreshth père de trois enfants, qui s'est réfugié avec eux, sa femme et sa mère dans un parc.

À Balaju, un quartier de la capitale, un père a eu la douleur de voir la police retirer le corps de sa fille des décombres de sa maison. «Elle était tout pour moi, elle n'a rien fait, elle ne devait pas mourir», dit Dayaram Mohat, s'effondrant sur le sol.

Les survivants ont besoin d'eau potable et de denrées de base tandis que les zones rurales attendent désespérément l'arrivée de secours, selon un responsable du gouvernement.

«Nous avons besoin d'hélicoptères pour les opérations de secours dans les zones rurales», explique le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Laxmi Prasad Dhakal. «Nous avons aussi besoin d'eau potable et de vivres pour les survivants».

La situation difficile des rescapés est aggravée par les coupures de courant et la fragilité des réseaux de communication, au bord de l'implosion.

Les autorités népalaises expliquent qu'elles font le maximum pour venir en aide aux régions isolées les plus proches de l'épicentre du séisme, à environ 80 kilomètres au nord-ouest de Katmandou.

Le tremblement de terre a également déclenché une avalanche sur l'Everest, y faisant dix-huit morts, selon les estimations de responsables. En ce début de saison d'alpinisme, 800 personnes, dont de nombreux étrangers, se trouvaient sur cette montagne, la plus haute du monde.

Des hélicoptères ont récupéré lundi les alpinistes coincés haut dans leur ascension par des crevasses et des glaciers, après avoir évacué les blessés.

Médicaments et couvertures

Les enfants sont particulièrement fragilisés par le sinistre et près d'un million d'entre eux ont un besoin urgent d'aide humanitaire, selon le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef).

Les secouristes népalais reçoivent le renfort de centaines d'humanitaires arrivés notamment de pays voisins comme la Chine et l'Inde et de nombreux d'États et organisations ont promis leur aide, les États-Unis s'étant par exemple engagés à hauteur de dix millions de dollars.

Les hôpitaux sont débordés et les médecins sont mobilisés 24 heures sur 24 pour soigner les blessés dans des conditions très difficiles. Les morgues arrivent, quant à elles, à saturation.

La ville de Pokhara, très fréquentée par les amateurs de sports d'aventure et située à 70 km à l'ouest de l'épicentre, a en revanche été largement préservée par le séisme et les touristes y poursuivaient leurs vacances, a constaté une journaliste de l'AFP.

Le Népal, à l'instar de tout l'Himalaya, où se rencontrent les plaques tectoniques indienne et eurasienne, est une région à forte activité sismique.

En août 1988, un séisme de magnitude 6,8 avait fait 721 morts dans l'est du Népal. En 1934, 10 700 personnes avaient perdu la vie dans un tremblement de terre de magnitude 8,1 dans ce pays et en Inde.

La Chine annule les expéditions de printemps sur la face nord de l'Everest

La Chine a annulé toutes les expéditions de printemps sur la face nord de l'Everest à la suite du séisme au Népal voisin, qui a déclenché une avalanche meurtrière dans une autre zone du plus haut sommet du monde, a annoncé lundi l'agence de presse Xinhua (Chine nouvelle).

Plus de 400 alpinistes sont redescendus au Tibet depuis le tremblement de terre de samedi, a ajouté Xinhua, citant le bureau des sports de cette région.

Dans la partie népalaise de l'Everest, les alpinistes coincés pendant deux jours à haute altitude ont commencé lundi à être secourus par des hélicoptères à la faveur d'une amélioration des conditions météorologiques.

Le Népal n'a pas décidé quant à lui s'il allait ou non interrompre les expéditions de son côté de cette montagne de 8848 mètres de haut.

Un porte-parole du département népalais du Tourisme, qui délivre les visas nécessaires à l'ascension du toit du monde, a annoncé que le bilan des morts dans l'avalanche de samedi était désormais de 14.

Plus de 800 personnes se trouvaient au moment du drame à différentes altitudes sur l'Everest.