Les manifestants hongkongais, sommés de libérer lundi les sites occupés, restaient massivement mobilisés aux premières heures de la journée dans le quartier des ministères et ne manifestaient aucune volonté de partir.

Plusieurs milliers de personnes bloquaient toujours les principaux accès au quartier d'Admiralty avec la ferme intention d'y demeurer jusqu'à l'ouverture d'un dialogue avec le gouvernement.

«Nous devons nous reposer maintenant parce que nous allons rester toute la nuit ici en attendant que la police attaque. Ça va être une longue bataille», déclarait à l'AFP Ken Chung, un étudiant de 20 ans au visage masqué.

Les manifestants sont massés sur une autoroute intérieure aux abords des bureaux du chef de l'exécutif qui leur avait demandé d'en dégager les accès pour permettre à 3000 employés de reprendre le travail après une semaine quasiment chômée en raison des manifestations et de deux jours fériés.

Par petits groupes, les manifestants se reposaient, écoutaient les harangues d'anonymes ou de militants, vérifiaient les dernières informations sur leur téléphone intelligent, indifférents aux curieux et aux touristes déambulant entre les points de secours ou de ravitaillement installés sous de grandes tentes.

Une immense statue de panneaux en bois représentant un homme portant un parapluie, accessoire devenu l'emblème du mouvement prodémocratie, a été érigée au milieu de l'autoroute.

En contrebas, des barrières et un cordon clairsemé de policiers bloquaient les accès au siège du gouvernement.

Occupy Central, la principale coalition du mouvement prodémocratie, avait annoncé dans la soirée la décision des étudiants, fer de lance de la protestation, de libérer une route et une passerelle menant à ces bâtiments, mais les organisations étudiantes ont aussitôt démenti. La route a été brièvement libérée après le vote des manifestants qui la bloquaient à ce moment-là, aussitôt reconquise par d'autres.

Le chef de l'exécutif local, Leung Chun-ying, dont les protestataires réclament la tête car ils le considèrent comme la marionnette de Pékin, avait fait part de la détermination des autorités «à prendre toutes les mesures nécessaires pour rétablir l'ordre public».

Pékin à boulets rouges sur les manifestants 

Il n'avait cependant pas explicitement menacé les manifestants de les déloger s'ils n'obtempéraient pas. Il faut permettre aux sept millions d'habitants «de reprendre une vie et une activité normales», avait-il simplement fait valoir.

Peu de manifestants croyaient d'ailleurs tôt lundi à une intervention imminente des forces de l'ordre et le petit nombre de policiers visibles à Admiralty semblait dans l'immédiat leur donner raison.

«J'ai entendu des rumeurs disant que la police allait faire place nette cette nuit. Mais on dit ça tous les jours», se résignait Karen Kwong.

Selon Occupy, les étudiants s'étaient également résolus à quitter le quartier commerçant de Mong Kok, sur la partie continentale de Hong Kong, après avoir subi des attaques de riverains excédés et de petits groupes d'hommes soupçonnés d'être rémunérés ou liés aux triades, la mafia chinoise.

Les étudiants ont toutefois démenti vouloir quitter Mong Kok et ils étaient plusieurs centaines à protéger leur occupation du site dimanche soir.

«Je reste ici», a ainsi déclaré à l'AFP Bosco Leung, un étudiant de 21 ans, à Mong Kok. «Certains disent que nous devons quitter Mong Kok et nous replier sur Admiralty, mais c'est peut-être simplement pour nous faire partir», s'interrogeait Sophia Kwong, 21 ans.

Hong Kong, ancienne colonie britannique, traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.

Si la Chine a accepté d'instaurer le suffrage universel lors de la prochaine élection du chef de l'exécutif en 2017, elle entend conserver le contrôle des candidatures, une proposition inacceptable pour les manifestants qui sont descendus dans les rues par dizaines de milliers depuis le 28 septembre.

Pékin, qui craint la contagion démocratique, a à nouveau tiré à boulets rouges dimanche sur un mouvement «illégal» qui crée un «climat hostile».

Les leaders étudiants avaient renoncé à dialoguer avec le gouvernement en raison du climat délétère. Puis ils ont indiqué que des discussions pourraient avoir lieu, à condition qu'une enquête soit ouverte sur les violences des derniers jours. Ils refusent en revanche tout dialogue avec le numéro un de l'exécutif.