Les secours tentaient d'atteindre mardi des centaines de milliers d'habitants du nord de l'Inde et du Pakistan coupés du monde par les récentes inondations qui ont tué plus de 400 personnes.

L'armée a annoncé qu'elle acheminait des bateaux par les airs pour évacuer les habitants des zones les plus touchées du Cachemire indien, où des centaines de villages ont été submergés par les eaux qui ont déferlé en fin de semaine passée, conséquence de pluies de mousson torrentielles.

Quelque 400 000 habitants du Cachemire sont toujours isolées, selon les autorités locales indiennes citées par l'agence Press Trust of India.

Quelque 200 personnes ont été tuées dans la partie indienne, selon Rajesh Kumar, haut responsable policier de la région. Les autorités pakistanaises ont recensé 206 morts de leur côté, essentiellement dans la région du Pendjab.

«La situation dans la vallée du Cachemire est encore très sombre, c'est assez critique», a dit Kumar à l'AFP.

Nombre de personnes sont «coincées avec de l'eau jusqu'au cou et ont besoin d'être secourues au plus vite», a-t-il ajouté, sans pouvoir les chiffrer.

À Srinagar, principale ville du Cachemire indien, de nombreux habitants ont raconté avoir dû se débrouiller seuls faute de secours capables de les atteindre.

Un homme a ainsi été vu franchir des flots en furie accroché à une corde de façon précaire, seul moyen pour lui de s'échapper.

Un autre, un professeur retraité Abdul Latif Rather, a déclaré avoir attendu de longues heures dimanche avec sa femme alors que l'eau montait dans sa maison. Des jeunes de son quartier sont finalement parvenus à les sauver en les emmenant sur un bateau de fortune.

«Ils ont risqué leur vie pour nous», a-t-il dit, assis dans la rue. «L'administration (de l'État régional) a complètement failli, c'est un désastre».

Dans une salle des fêtes de la banlieue de la principale ville du Cachemire indien, Srinagar, quelque 400 personnes tentaient de retrouver leurs esprits - assis ou allongés en petits groupes sur le sol - après avoir vu leur maison submergée par les eaux.

«Tout s'est déroulé si vite. L'eau a déferlé subitement et nous n'avons rien eu le temps de mettre de côté,» explique Ruqsat Banu tout en tentant de réconforter ses beaux-parents âgés.

Les sauveteurs «avaient des priorités, ils ont d'abord emmené les femmes et les enfants et ont laissé les hommes», ajoute-t-elle après avoir dû partir sans son mari.

Secourus in extremis

Avec l'amélioration de la météo, les secours ont pu intensifier leurs efforts, quelque 42 500 personnes ayant déjà pu être récupérées, selon le ministère de la Défense.

«Nous manquons de bateaux pour secourir les gens dans les zones inondées», a dit le commissaire divisionnaire du Cachemire, Rohit Kansal, à PTI, tout en assurant qu'une centaine de bateaux devraient rapidement arriver.

Le réseau d'eau et électrique a été rétabli dans certaines des zones les moins touchées. «La principale route est toujours coupée. Heureusement, de nombreuses autres voies de circulation ont pu être en grande partie rétablies», a ajouté le policier.

Près du centre de Srinagar, au-delà des rangées de maisons inondées, Abdul Rashid, sa femme et ses deux filles se sont rassemblés avec d'autres sur un pont en attendant de l'aide.

Ils ont été secourus par un hélicoptère de l'armée depuis la terrasse du toit de la maison de leurs voisins où ils s'étaient réfugiés dans la nuit de dimanche à lundi.

«Nous avons atteint (la terrasse) in extremis. Nous avons vu notre maison disparaître sous les eaux», dit Rashid, dont la famille n'a pas mangé depuis la veille.