La Chine a annoncé qu'un de ses satellites avait détecté trois larges objets flottants dans une zone maritime où le Boeing 777 de Malaysia Airlines a perdu le contact, dernier épisode dans les recherches de l'appareil, entrées jeudi dans leur sixième jour.

L'agence chinoise responsable pour les sciences et la technologie a rapporté mercredi soir qu'un satellite avait repéré le matin du 9 mars des objets «dans la zone maritime du crash présumé», ajoutant que les images sont en cours d'analyse.

Le vol MH370 de Malaysia Airlines, avec 239 personnes à bord, qui assurait la liaison Kuala Lumpur-Pékin, a disparu des écrans-radars samedi.

Les recherches couvrent désormais près de 27 000 milles nautiques (près de 90.000 km2, soit quasiment la surface du Portugal). Douze nations, dont les États-Unis, la Chine et la Japon, participent aux opérations qui mobilisent pas moins de 42 navires et 39 avions.

Les objets flottants ont été repérés par 105,63 degrés de longitude est et 6,7 degrés de latitude nord, selon le site web de l'agence chinoise. Ils mesurent 13 mètres par 18 mètres, 14 par 19 mètres, et 22 par 24 mètres, et étaient dispersés sur un rayon de 20 kilomètres.

On ignorait encore si ces images avaient été communiquées aux autorités malaisiennes, qui coordonnent les recherches, et qui n'étaient pas joignables tôt jeudi matin.

Les États-Unis ont indiqué, mercredi soir, que leurs satellites espions n'avaient repéré aucune explosion aérienne au moment où le contrôle aérien a perdu le contact avec le Boeing 777.

Le gouvernement américain a déjà utilisé dans le passé son réseau de satellites pour repérer des sources de chaleur nées d'explosions d'avions dans le ciel, mais dans ce cas précis, rien n'a été trouvé, ont souligné des responsables s'exprimant sous couvert de l'anonymat.

«Et bien, bonne nuit» 

Entrées dans leur sixième jour jeudi, les opérations de recherche ont été élargies à la mer d'Andaman, sur la côte occidentale de la Malaisie, loin de la trajectoire qu'était censé emprunter le vol MH370.

La mer d'Andaman est bordée au sud par la pointe septentrionale de l'île indonésienne de Sumatra, à l'est et au nord par la Thaïlande et la Birmanie.

Alors qu'elles se déroulaient principalement dans un rayon de près de 200 km autour du lieu où le contrôle aérien a perdu le contact avec l'appareil entre la côte orientale de la Malaisie et le sud du Vietnam, ces recherches se font à présent aussi à des centaines de kilomètres de là, vers l'ouest.

Mercredi, Kuala Lumpur s'est défendue des accusations d'informations confuses et contradictoires autour de la disparition mystérieuse de l'appareil.

«Nous ne laissons rien au hasard. Nous devons explorer toutes les possibilités», a justifié le chef de l'aviation civile malaisienne, Azharuddin Abdul Rahman.

L'armée de l'air malaisienne «n'a pas exclu la possibilité d'un demi-tour en vol», a affirmé le général Rodzali Daud dans un communiqué. «C'est ce qui explique que les opérations de recherche et de sauvetage aient été étendues» aux eaux côtières à l'ouest de la péninsule malaisienne, a-t-il ajouté.

Il a démenti les informations d'un média malaisien qui affairmait, en le citant, qu'un radar avait détecté l'appareil au-dessus du détroit de Malacca entre la péninsule malaisienne, sur sa côte occidentale et l'île indonésienne de Sumatra.

L'armée de l'air malaisienne n'a pas présenté publiquement les analyses radar qu'elle invoque pour soutenir l'hypothèse d'un demi-tour impromptu de l'appareil.

Selon l'aviation civile malaisienne, le dernier message radio transmis au contrôle aérien a été «Eh bien, bonne nuit». Ces mots ont été prononcés par l'un des pilotes au moment où le Boeing quittait l'espace aérien malaisien pour entrer dans l'espace aérien vietnamien.

Une communication «chaotique»

Par ailleurs, selon une directive consultée mercredi par l'AFP, des mois avant la disparition mystérieuse du vol MH370, l'Agence américaine de l'aviation civile (FAA) avait mis en garde contre «des fissures éventuelles et des problèmes de corrosion» dans le fuselage des Boeing 777 pouvant provoquer une dépressurisation de la cabine et une perte de contrôle de l'avion.

En conséquence la FAA avait ordonné en 2013 l'inspection de 120 Boeing 777 immatriculés aux États-Unis. Une fissure située «dans le fuselage, sous l'antenne de communication satellitaire», avait été constatée sur un Boeing 777, selon la FAA.

Les recherches infructueuses et la communication parfois confuse des autorités malaisiennes alimentent les critiques dans la presse et sur les réseaux sociaux, en Malaisie et en Chine.

«L'humeur des Malaisiens n'est plus à la patience (...) mais à l'embarras et la colère, à propos des informations contradictoires à propos des passagers, des bagages et des informations cachées sur la dernière position connue» de l'appareil, écrit Malaysian Insider, un des principaux sites d'information sur internet du pays.

Photo AFP

Le commandant de la marine vietnamienne pointe l'endroit où les recherches sont menées.

Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a pour sa part déploré un flux d'informations «assez chaotiques», deux jours après avoir déjà réclamé à Kuala Lumpur d'intensifier ses opérations.

«Il semble que beaucoup de sources d'information n'ont pas été utilisées de manière efficace dans cette affaire. En conséquence, les familles des personnes disparues sont laissées dans le noir», note pour sa part David Learmount, chargé de la rubrique opérations et sécurité au sein de la revue professionnelle Flightglobal.

Le Boeing 777-200 transportait 239 personnes, dont 153 Chinois, 38 Malaisiens, sept Indonésiens, six Australiens, quatre Français, trois Américains et deux Canadiens, ainsi que des Russes et des Ukrainiens.

Si l'avion s'est abîmé en mer, il pourrait s'agir de la catastrophe aérienne la plus meurtrière d'un avion de ligne depuis 2001, date de l'accident d'un Airbus A300 d'American Airlines qui avait fait 265 morts aux États-Unis.