Des cyclistes ont manifesté en masse mercredi dans les rues de Calcutta contre le gouvernement local qui cherche à chasser les vélos des principales artères de la métropole.

Les contestataires se sont rassemblés dans le centre de l'ancienne capitale des Indes britanniques pour appeler au retour des bicyclettes. Des pancartes demandaient aux automobilistes d'éteindre leurs moteurs pour protéger les poumons des enfants.

En août, la police locale a interdit l'accès des cyclistes et des «rickshaws», les fameux triporteurs, à 174 rues de la ville. Le but était de limiter les bouchons légendaires dans cette métropole de 14 millions d'habitants.

«Interdire les vélos dans une ville comme Calcutta n'a aucun sens. C'est une décision complètement folle» a accusé Gautam Shroff, le porte-parole de l'association de cyclistes Ride 2 Breathe («À vélo pour respirer»).

«Alors que de nombreux pays encouragent l'usage de la bicyclette pour limiter la pollution atmosphérique, nous nous demandons comment les autorités peuvent vouloir interdire l'usage du vélo», a-t-il déclaré.

M. Shroff a estimé à 4000 le nombre des participants à la manifestation, mais la foule n'avait pas l'air si dense.

Les policiers ont récemment commencé à saisir des vélos et à distribuer des amendes aux cyclistes récalcitrants, issus pour la plupart des classes défavorisées.

«La police harcèle les cyclistes. La semaine dernière, mon vélo a été mis à la fourrière tandis que je transportais du lait,» a protesté Yogesh Yadav, un livreur qui travaille dans le centre-ville.

Dans la capitale du Bengale occidental, les véhicules transitent à une vitesse moyenne de 14 à 18 km/h, alors que la moyenne dans les villes indiennes atteint 22 km/h, a expliqué à l'AFP le ministre du Transport de cet État Madan Mitra.

«Calcutta a moins de voitures que les autres métropoles du pays, mais la plupart de ses rues sont étroites», a-t-il avancé.

«Cette interdiction n'est pas générale : on peut encore circuler à vélo dans les autres rues de la ville», a ajouté le ministre.

Selon Gautam Shroff, l'interdiction des vélos et des autres moyens de transport non motorisés s'applique toute la journée dans 32 rues, et de sept à vingt-trois heures dans les 142 autres.

Pour ce représentant des cyclistes, il est pratiquement impossible de n'utiliser que les petites rues : cette interdiction s'étend donc «virtuellement à toute la ville», selon lui.

L'air des villes indiennes est de plus en plus irrespirable à mesure que le marché de l'automobile se développe, poussé par la réussite économique du pays.

Les municipalités tardent à investir dans les transports publics et les pistes cyclables restent très rares, alors que le vélo est un des principaux moyens de déplacement des plus pauvres.