Le premier ministre indien Manmohan Singh a minimisé vendredi les résultats à attendre de sa rencontre avec le président pakistanais Nawaz Sharif après une flambée de violence au Cachemire, à l'issue d'un entretien avec Barack Obama à Washington.

MM. Singh et Sharif, dont les pays entretiennent des relations difficiles en raison notamment du Cachemire, doivent se retrouver dimanche en marge de l'assemblée générale de l'ONU à New York, selon des diplomates, dans un premier entretien du genre depuis 2010.

M. Singh a toutefois estimé vendredi que «les attentes doivent être revues à la baisse» avant cette rencontre, qui avait suscité l'espoir d'un apaisement des tensions entre les deux frères ennemis se disputant le Cachemire.

Il a affirmé face aux journalistes, M. Obama à ses côtés, que «l'épicentre de l'activité terroriste reste situé au Pakistan».

Ces déclarations intervenaient au lendemain d'une attaque lors de laquelle des hommes armés déguisés en militaires ont tué neuf personnes dans un double assaut contre des bases de militaires et policiers indiens au Cachemire.

New Delhi accuse toujours Islamabad d'aider matériellement ces rebelles, ce dont le Pakistan se défend, même s'il ne nie pas un soutien moral ou politique.

De son côté, le nouveau Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif a estimé vendredi à l'ONU à New York que le Pakistan et l'Inde avaient «gâché des ressources considérables» dans la course aux armes nucléaires.

M. Sharif, qui a pris ses fonctions en juin plus de 13 ans après avoir été déposé par un coup d'État militaire, doit également rencontrer le 23 octobre à la Maison-Blanche le président américain Barack Obama.

L'Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires fortement militarisées, se sont livré trois guerres depuis leur indépendance concomitante en août 1947 de l'Empire britannique. Deux de ces conflits portaient sur le Cachemire, région divisée en deux, mais revendiquée par chaque pays.

Avec M. Obama, M. Singh a notamment parlé de la sécurité dans la région et des termes d'un accord sur le nucléaire entre Inde et États-Unis.

«Nous avons effectué d'énormes progrès sur la question de l'énergie nucléaire civile», a assuré le président. «Notre coopération contre le terrorisme est très large», a-t-il ajouté.

«Notre avis est que si l'Inde est forte, c'est bon pour le monde entier et en fin de compte pour les États-Unis», a affirmé M. Obama en saluant les «énormes liens commerciaux» entre Washington et New Delhi.

Cette visite à Washington était probablement la dernière pour Manmohan Singh, qui ne devrait pas briguer de troisième mandat lors des élections l'année prochaine.

Le premier ministre indien, qui doit faire face à des scandales de corruption, à une économie à la peine et à une monnaie affaiblie, pourrait mettre en avant le réchauffement des relations avec Washington comme l'une des réussites de sa décennie au pouvoir.

M. Obama, qui a vu les liens avec l'Inde se renforcer dans le cadre d'une stratégie plus large visant à accroître la présence économique et diplomatique américaine en Asie, considère ce pays comme une démocratie dynamique dans une région où les libertés politiques sont parfois menacées.

M. Obama a déjà reçu Manmohan Singh pour son premier dîner d'État en tant que président, fin 2009, et il s'était rendu en Inde en 2010.