Le premier ministre indien, Manmohan Singh, a annoncé mercredi qu'il allait rencontrer dans les prochains jours son homologue pakistanais, Nawaz Sharif, suscitant l'espoir d'un apaisement des tensions entre les deux frères ennemis qui se disputent le Cachemire.

Les deux hommes vont se rencontrer en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, la presse indienne évoquant un entretien dimanche. Il s'agit du premier entretien entre les chefs de gouvernement des deux pays depuis 2010.

«Durant ma visite à New York, je me réjouis des entretiens bilatéraux que j'aurai avec les dirigeants des pays voisins, dont le Bangladesh, le Népal et le Pakistan, a dit M. Singh dans un communiqué avec son départ pour les États-Unis.

Le premier ministre indien doit auparavant se rendre à Washington pour rencontrer le président américain Barack Obama avec l'espoir de renforcer les relations économiques entre les deux pays, en particulier dans le nucléaire.

Sur le Cachemire, les relations entre Inde et Pakistan, tous deux pourvus de l'arme nucléaire, se sont déteriorées en août à la suite d'échanges de tirs le long de la Ligne de Contrôle (LoC).

Ces accrochages le long de la frontière très militarisée séparant les parties indienne et pakistanaise du Cachemire ont fait plus d'une dizaine de morts en un mois.

Cinq soldats indiens ont été tués début août dans une embuscade. L'Inde en avait imputé la responsabilité à l'armée pakistanaise, Islamabad rejetant cette accusation.

«Risque calculé»

Après sa victoire aux élections en mai, Nawaz Sharif a fait part de sa volonté d'apaiser les tensions avec son voisin mais les récents accrochages avaient obscurci cette perspective.

«Cette rencontre est un grand pas en avant» en vue d'une détente, estime K.G. Suresh, analyste du think thank Vivekanand International, basé à New Delhi. Il estime cependant qu'envisager une reprise des discussions de paix autour du Cachemire, interrompues en janvier après un précédent accrochage, était prématuré.

«Le premier ministre indien a pris un risque calculé en acceptant de rencontrer Sharif avant les élections l'an prochain», a-t-il ajouté.

Le Parti du Congrès, à la tête de la coalition au pouvoir en Inde, doit affronter d'ici mai 2014 des élections législatives qui s'annoncent délicates et une partie de la classe politique exige que le premier ministre se montre ferme vis-à-vis du Pakistan.

L'Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires fortement militarisées, se sont livré trois guerres depuis leur indépendance concomitante en août 1947 de l'empire britannique. Deux de ces conflits portaient sur le Cachemire, région divisée en deux mais revendiquée par chaque pays.

Un cessez-le-feu est en vigueur depuis 2003 au Cachemire. Les pourparlers de paix entre les deux pays avaient timidement repris en 2011 trois ans après l'attentat de Bombay (166 morts) qui avait été perpétré, selon les autorités indiennes, par le Lashkar-e-Taïba, un groupe islamiste armé pakistanais.

Les premiers ministres indien et pakistanais se sont rencontrés pour la dernière fois en 2010 en marge d'un sommet régional au Bhoutan, chacune des deux parties ayant alors affirmé la nécessité d'avancer dans le dialogue de paix.

Photo AFP

Nawaz Sharif