Le favori de l'élection présidentielle aux Maldives, Mohamed Nasheed, premier président démocratiquement élu puis renversé en février 2012, est arrivé en tête du scrutin samedi, mais avec une avance insuffisante pour l'emporter dès le premier tour, selon de premières estimations.

Mohamed Nasheed espérait remporter dès le premier tour plus de 51% des voix pour reconquérir le pouvoir, après ce qu'il a dénoncé comme un «coup d'État» il y a 18 mois et qui a ouvert une période troublée dans cet archipel connu pour ses plages paradisiaques et ses eaux turquoises.

Après la comptabilisation de plus des trois quarts des bulletins de vote, M. Nasheed, 46 ans, détenait 45% des voix, selon le journal Haveeru.

Un second tour devrait donc être nécessaire, le 28 septembre.

Si le résultat du scrutin de samedi confirme la nécessité d'un second tour, M. Nasheed va être «très déçu», a estimé le rédacteur en chef de Haveeru, Moosa Latheef, prédisant un «deuxième tour très serré».

M. Nasheed devrait être opposé au second tour à Abdulla Yameen, demi-frère de l'autocrate Maumoon Abdul Gayoom, ou au magnat du tourisme Gasim Ibrahim.

MM. Yameen et Ibrahim étaient au coude-à-coude avec 25% des voix chacun, selon les résultats préliminaires.

Le président sortant Mohamed Waheed, qui avait remplacé M. Nasheed dans le changement au sommet très contesté, apparaissait comme le grand perdant du scrutin, avec à peine 5% des voix.

Le scrutin s'est déroulé dans le calme et apparemment sans incident majeur, les électeurs formant de longues files d'attente dès l'ouverture des bureaux de vote, sous un soleil radieux.

La participation parmi les 240 000 électeurs inscrits a été estimée à 83%.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait appelé à la tenue d'un scrutin libre et équitable aux Maldives.

Le président sortant a été l'un des premiers électeurs à mettre son bulletin dans l'urne.

Parmi les quatre candidats en lice, Mohamed Nasheed faisait largement figure de favori.

Cet ancien plongeur sportif et militant en faveur de la démocratie, vainqueur des premières élections libres en 2008, avait dénoncé un «coup d'État» après sa démission consécutive à la mutinerie d'officiers de police.

Il avait accusé le vice-président, Mohamed Waheed, qui lui a succédé, d'avoir comploté pour le renverser avec l'ancien autocrate ayant longtemps dirigé le pays, Maumoon Abdul Gayoom.

L'archipel de l'océan Indien avait alors connu une grave crise politique.

L'accession au pouvoir de M. Waheed avait déclenché plusieurs mois de protestations et d'incidents violents qui ont un temps menacé le tourisme, secteur-clé pour le pays.

Attendant comme tous les électeurs avant de voter samedi, Mohamed Nasheed avait affiché sa confiance dans sa capacité à remporter les élections dès le premier tour, tandis que Mohamed Waheed était crédité d'une faible base politique.

Le président renversé jouissait d'une bonne cote de popularité, à l'étranger et chez lui, grâce à ses programmes sociaux et son activisme en matière de lutte contre le réchauffement climatique - 80% des îles des Maldives sont à moins d'un mètre au-dessus de l'eau -.

Mais il s'était attiré l'inimitié des riches hommes d'affaires ayant fait fortune dans le tourisme.

Les événements de février 2012 ont terni la réputation de cette jeune démocratie et attisé la méfiance et la colère au sein de l'archipel, qui compte 330 000 habitants, dont la quasi-totalité est des musulmans sunnites. Les Maldives ont accueilli près d'un million de visiteurs en 2012 pour un tourisme presque exclusivement haut de gamme.

Selon Lawrence Gonzi, un ancien Premier ministre de Malte qui est à la tête de la mission d'observation envoyée par les pays du Commonwealth, la campagne s'est déroulée sans accroc.