Les États-Unis avaient évacué vendredi le personnel non essentiel de leur consulat à Lahore, deuxième ville du Pakistan, pays en proie à des attentats à répétition, citant des «menaces spécifiques» au moment où leurs missions diplomatiques sont en alerte contre des projets d'attentats d'Al-Qaïda.

Cette évacuation intervient sur fond de menaces d'attentats au Pakistan à l'occasion des célébrations de l'Aïd al-Fitr qui marquent la fin du ramadan, le mois du jeûne musulman.

Vendredi, un kamikaze a été abattu à l'entrée d'une mosquée chiite dans la banlieue de la capitale nationale Islamabad, ville restée depuis quatre ans généralement à l'abri des violences qui endeuillent au quotidien le reste du pays. Le kamikaze a blessé par balle le garde qui a plus tard succombé à ses blessures.

Plus tôt vendredi, des hommes armés avaient ouvert le feu sur des fidèles sortant de la mosquée sunnite Farooqia, situé dans de la banlieue de Quetta, capitale de la province instable du Baloutchistan (sud-ouest) tuant au moins neuf personnes. Un attentat la veille dans la même ville avait fait 38 morts, principalement des policiers.

Washington a rappelé vendredi à ses ressortissants d'éviter tout voyage «non-essentiel» au Pakistan, pays qui est aussi le sanctuaire de groupes islamistes armés ayant plaidé allégeance à Al-Qaïda.

«La présence de plusieurs groupes terroristes étrangers et locaux représente un danger potentiel pour les citoyens américains au Pakistan», a indiqué le département d'État.

«Nous avons reçu des informations concernant une menace contre notre consulat de Lahore. Par précaution, nous avons donc évacué (jeudi, NDLR) tout le personnel sauf celui d'urgence», a indiqué à l'AFP la porte-parole de l'ambassade américaine à Islamabad, Meghan Gregonis.

Cette évacuation est due à des «menaces spécifiques» concernant le consulat américain de Lahore, capitale de la province du Penjab, la plus peuplée du Pakistan, a précisé le département d'État.

Les États-Unis ont fermé au cours des derniers jours une vingtaine de missions diplomatiques, principalement dans le monde musulman en raison de risques d'attentats, mais pas au Pakistan.

Selon le site internet américain Daily Beast, l'alerte américaine a été lancée après l'interception d'une conférence téléphonique entre le numéro 1 d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri, et des responsables de filiales du réseau au Maghreb, en Irak, au Pakistan ou encore dans le Sinaï égyptien.

Lors de cette conférence, un projet d'attentat a été évoqué en des termes vagues, ainsi que le fait que des équipes étaient déjà en place pour les perpétrer, selon la publication qui cite des responsables américains.

Ayman al-Zawahiri a en outre désigné le chef d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa), basée au Yémen, Nasser Al-Whaychi, comme son numéro deux, selon le site américain.

Le Pakistan et le Yémen sont les deux pays les plus bombardés par les drones américains. Les États-Unis ont multiplié les tirs de drones depuis le 28 juillet dernier au Yémen, mais ont bombardé les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, un repaire de groupes islamistes armés, à une seule reprise depuis cette date, le 29 juillet.

L'évacuation du consulat de Lahore n'est pas liée à ces menaces antérieures ayant amené à la fermeture d'une vingtaine de missions américaines, a tenu à préciser Mme Gregonis.

Lahore, deuxième ville la plus peuplée du Pakistan avec 12 millions d'habitants, a été épargnée par les attentats au cours des dernières années, contrairement à Karachi (sud), Peshawar (nord-ouest) et Quetta (sud-ouest).

Les autorités pakistanaises ont d'ailleurs renforcé la sécurité dans les principales villes du pays, incluant la capitale Islamabad, pour le week-end de l'Aïd el-Fitr et des ambassades ont recommandé à leurs ressortissants d'éviter les lieux publics.

La plupart des missions diplomatiques sont fermées ce week-end au Pakistan en raison des fêtes de fin du ramadan. L'ambassade américaine à Islamabad doit rouvrir lundi, mais il est probable que le consulat de Lahore reste fermé, a indiqué Mme Gregonis.

«Nous allons continuer d'évaluer la menace» avant de prendre une décision, a souligné la porte-parole.

Kamikaze tué à l'entrée d'une mosquée de la capitale

Un kamikaze a été tué vendredi par les forces de sécurité pakistanaises au moment où il allait faire exploser sa bombe dans une mosquée chiite de la banlieue de la capitale Islamabad, ont indiqué des sources policières.

Depuis des attentats sanglants en 2008 et 2009, la capitale pakistanaise est demeurée généralement à l'abri des violences qui endeuillent au quotidien le reste du pays.

Or vendredi, premier jour au Pakistan de l'Aïd el-Fitr, fête marquant la fin du mois du jeûne du Ramadan, un kamikaze s'est dirigé vers une mosquée de la minorité chiite, à Bharakaho, un faubourg de la capitale, avec une ceinture explosive attachée au corps.

«Un garde a ouvert le feu sur le kamikaze au moment où il entrait dans la mosquée, il l'a tué», a dit à l'AFP Nasir Mehmood, un responsable de la police locale. Selon un autre responsable de la police, Majeed-ur-Rehman, le garde a été grièvement blessé dans l'échange de tirs avec le kamikaze et a par la suite succombé à ses blessures.

Des images diffusées par les chaînes pakistanaises montraient un homme couché sur le sol de la mosquée, avec ses chaussures, et deux fils colorés attachés à son bras gauche, comme pour faire exploser une bombe.

Des hommes armés ont par ailleurs ouvert le feu vendredi matin sur des fidèles sortant d'une mosquée sunnite de la banlieue de la capitale de la province pakistanaise instable du Baloutchistan (sud-ouest) tuant au moins neuf personnes, ont indiqué les autorités locales.

L'assaut, qui a aussi fait une dizaine de blessés, a eu lieu devant la mosquée Farooqia, à la sortie de la capitale provinciale Quetta, au lendemain d'un attentat suicide ayant fait 38 morts dans la même ville.

Le Baloutchistan est à la fois le théâtre d'une insurrection locale, d'attentats des talibans du TTP, un groupe islamiste armé hostile au pouvoir pakistanais, et de violences contre la minorité musulmane chiite.

L'attaque de vendredi a été perpétrée devant une mosquée sunnite où priait notamment un ancien ministre provincial, Ali Madad Jatak, a indiqué à l'AFP Bashir Ahmad Brohi, un haut responsable de la police locale.

«Quatre personnes ont ouvert le feu lorsque des personnes sortaient de la mosquée après la prière de l'Aïd el-Fitr, tuant neuf personnes et en blessant 10 autres», a déclaré M. Brohi.

Des balles ont percuté le véhicule de l'ex-ministre mais ce dernier est sorti indemne de cette attaque, a souligné le policier.