Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a appelé lundi la Corée du Nord à éviter toute «nouvelle provocation» alors que Séoul a assuré plus tôt dans la journée que son voisin du Nord se prépare à effectuer un tir d'essai de missile balistique.

«Je les appelle d'urgence à ne pas prendre de mesures qui seraient une nouvelle provocation», a-t-il déclaré à la presse à la suite d'une rencontre à La Haye avec le ministre néerlandais des Affaires étrangères Frans Timmermans: «c'est un appel urgent et honnête de la part de la communauté internationale, moi inclus».

«La République populaire démocratique de Corée ne peut pas continuer comme cela, elle ne peut pas continuer à confronter et défier l'autorité du Conseil de sécurité et de la communauté internationale», a-t-il ajouté.

Furieuse du nouveau train de sanctions adopté par l'ONU après son nouvel essai nucléaire début février et des manoeuvres militaires conjointes en cours entre les États-Unis et la Corée du Sud, la Corée du Nord a multiplié les déclarations belliqueuses.

Elle a récemment installé deux missiles de moyenne portée sur sa côte est et pourrait effectuer prochainement un tir d'essai dans une surenchère destinée à obtenir des concessions de la part de Washington, par exemple sur une reprise sans condition des négociations sur le nucléaire civil.

La Corée du Sud avait en outre suggéré lundi matin que Pyongyang se préparait à effectuer d'ici peu un double essai nucléaire, mais Séoul s'est rétracté plus tard dans la journée en disant que les activités constatées autour du site atomique nord-coréen de de Punggye-ri semblaient être des «activités de routine».

«J'ai à plusieurs reprises exprimé ma grande préoccupation quant à la rhétorique inflammatoire de Pyongyang, qui a déjà été trop loin», a également déclaré le secrétaire général de l'ONU: «il est temps pour toutes les parties concernées de diminuer les tensions».

«J'ai averti la République populaire démocratique de Corée qu'effectuer des menaces à l'aide d'armes nucléaires n'est pas un jeu», a-t-il ajouté. «Le Conseil de sécurité a envoyé un message sans ambiguïtés: la communauté internationale ne tolérera pas ces ambitions nucléaires».

Par mesure d'apaisement et afin de laisser à Pyongyang la seule responsabilité de l'escalade, Washington avait annoncé samedi le report d'un essai de Minuteman 3, missile balistique intercontinental à capacité nucléaire, qui devait être tiré cette semaine depuis la base aérienne de Vandenberg en Californie.

Pékin, seul allié de poids du régime nord-coréen, a elle aussi déjà implicitement adressé une sévère mise en garde à son voisin, dont l'économie exsangue vit sous perfusion chinoise.

Pyongyang a transporté en train vers la côte est, en début de semaine dernière, deux missiles Musudan et les a installés sur des véhicules équipés d'un dispositif de tir, selon Séoul. Le Musudan aurait une portée théorique de 3000 kilomètres, soit la capacité d'atteindre la Corée du Sud ou le Japon.

L'engin pourrait toucher des cibles à 4000 km en cas de charge légère, et donc, en principe, frapper Guam, île du Pacifique située à 3380 km de la Corée du Nord et où se trouvent 6000 soldats américains.