La jeune militante pakistanaise, blessée à la tête lors d'un attentat des talibans, a pu bouger ses mains et pieds samedi, a annoncé l'armée, ajoutant qu'elle n'avait cependant pas repris connaissance et restait placée sous respiration artificielle.

Malala Yusufzai, âgée de 14 ans et qui milite pour le droit à l'éducation, a été blessée par balle à l'épaule et à la tête par les talibans lors d'une attaque en plein jour qui a été universellement dénoncée. Les autorités pakistanaises ont promis une récompense de 100 000 dollars pour des informations permettant d'arrêter les responsables de l'attentat.

«La quantité de sédatifs administrés à Malala ont été réduits aujourd'hui (samedi) pour permettre aux neurochirurgiens de l'examiner et en réponse à cet examen, elle a pu bouger ses mains et ses pieds», a déclaré le porte-parole de l'armée, le général Asim Saleem Bajwa.

«C'est un progrès», a souligné le général lors d'une conférence de presse organisée près du quartier général de l'armée à la garnison de Rawalpindi, proche d'Islamabad, où la jeune fille est soignée à l'hôpital militaire.

«Selon les médecins, l'état de santé de Malala est stable», a-t-il ajouté, précisant qu'une équipe de médecins spécialisés surveillaient en permanence la jeune blessée. Des plans d'intervention ont été mis en place s'ils devaient décider de la transférer dans un hôpital à l'étranger pour des soins complémentaires, a souligné le général.

«Il s'agit d'un cas de blessure grave à la tête et les progrès sont très lents», selon lui.

Deux autres jeunes étudiantes, blessées en même temps que Malala, «sont également soignées dans des endroits où elles peuvent avoir le meilleur traitement», a indiqué le militaire sans autre précision.

Selon lui, tous les moyens ont été mis en oeuvre pour l'enquête sur cet attentat, ajoutant qu'il y avait eu des arrestations sans dire combien de personnes avaient été placées en détention et combien avaient été libérées.

Interrogé sur une éventuelle offensive contre les talibans dans leur fief du Nord Waziristan près de la frontière afghane, le porte-parole de l'armée a répondu : «ce genre de décisions ne se prennent pas en une nuit».

Le porte-parole de l'armée avait indiqué vendredi que les prochaines 36 à 48 heures seraient particulièrement critiques pour la jeune fille.

Malala a eu la visite vendredi du Premier ministre Raja Pervez Azhraf qui s'est rendu à son chevet et auprès de deux de ses amis blessés dans l'attaque de leur bus scolaire mardi par des combattants armés du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), allié à Al-Qaïda.

Le conseil de défense du Pakistan, une alliance islamiste qui avait organisé d'importantes manifestations au début de l'année dans tout le pays contre l'OTAN, a mis en garde, samedi, devant une exploitation de cette attaque pour s'en prendre aux manifestants.

«Nous condamnons fermement cet attentat, mais il ne faudrait pas s'en servir comme prétexte pour une offensive militaire dans le Nord Waziristan», a souligné le président de cette alliance, Maulana Samiul Haq, lors d'une conférence de presse à Muzafarrabad, la capitale du Cachemire pakistanais.

«Ce serait suicidaire et cela toucherait tout le pays. Nous lançons un appel aux militaires de ne pas commettre une telle erreur», a-t-il ajouté.

«La façon dont le président américain Obama a réagi à l'incident indique clairement ses intentions. Mais nous ne permettrons pas que cela arrive», a-t-il averti.

Le président Obama avait qualifié l'attentat de «barbare et lâche» et offert l'assistance de l'armée américaine s'il fallait évacuer la jeune blessée.