Un cardiologue québécois qui participait à une expédition au profit de la fondation de l'hôpital de Saint-Jérôme a été porté disparu à la suite d'une avalanche meurtrière dans l'Himalaya ce dimanche.

Il s'agit du docteur Dominique Ouimet, 48 ans, qui participait à sa neuvième ascension en huit ans. Malgré un pronostic sombre, sa famille reste sûre qu'il soit retrouvé vivant. «Peut-être que je suis naïve, mais on entend tellement d'histoires de gens qui survivent à des situations comme celle-ci alors je refuse de perdre espoir», confie sa soeur, Isabelle Ouimet. Elle refuse d'imaginer le pire. «Surtout pour mes parents, qui sont bouleversés.»

L'avalanche s'est produite dimanche sur le Manaslu, le huitième plus haut sommet du monde, dans le nord du Népal.

Selon Radio-Canada, un alpiniste originaire de l'Ouest Canadien faisait aussi partie du groupe piégé par l'avalanche, mais il a été retrouvé sain et sauf.

Grimpeur aguerri, le Dr Ouimet participait à l'expédition en espérant amasser 50 000 $ de dons pour la Fondation Hôpital régional de Saint-Jérôme en vue d'acheter de l'équipement médical. «Nous n'avons aucune nouvelle de lui. Nous demeurons dans l'attente et espérons le retrouver sain et sauf», a déclaré à La Presse la directrice des événements et communications de la fondation, Chantale Fortin, qui raconte avoir échangé deux courriels avec le médecin mardi. Il était alors à plus ou moins 4000 mètres d'altitude. «Tout allait bien», assure Mme Fortin.

En juillet, dans une entrevue à l'hebdomadaire local l'Écho du Nord, il disait espérer battre son record personnel de hauteur, mais affirmait aussi être conscient du danger.

«Le fait d'être médecin me rend encore plus conscient des risques d'une telle expédition», avait-il dit au journal.

En entrevue téléphonique à l'émission C'est bien meilleur le matin de mercredi dernier, alors qu'il soignait une pharyngite à près de 5000 mètres d'altitude, Dominique Ouimet était revenu sur le danger d'une telle ascension.

Il avait énuméré plusieurs des règles de sécurité à suivre. «On pense à ces petits détails-là plus qu'à la catastrophe éventuelle. Et habituellement, quand on fait ça et qu'on reste concentré, ça se passe bien», expliquait-il.

Chantale Fortin a écouté l'entrevue. «Nous pouvions entendre sa voix un peu essoufflée. Bien normal à cette altitude. Mais sa santé allait bien et il demeurait positif quant à la continuité de cette aventure et l'atteinte du sommet», raconte-t-elle.

Une porte-parole du ministère canadien des Affaires étrangères a assuré que des agents consulaires à Katmandou et New Delhi travaillent avec les autorités locales pour obtenir plus d'information, et qu'une assistance a été offerte à la famille du Dr Ouimet.

«Nos pensées se tournent vers la famille et les amis d'un citoyen canadien qui est porté disparu au Népal ainsi qu'à tous ceux affectés par cette avalanche», a précisé la porte-parole, Chystiane Roy.

Un bilan meurtrier

Les recherches se poursuivent pour retrouver les disparus, mais, déjà, le bilan de neuf morts fait de cette avalanche l'une des plus meurtrières depuis des années dans la chaîne himalayenne.

«La plupart des personnes ayant trouvé la mort sont françaises», a annoncé le sherpa Ang Tshering, vice-président de l'Association des alpinistes du Népal, après s'être entretenu par téléphone satellitaire avec des membres de l'expédition au camp de base n° 3 de l'expédition, situé à 7000 mètres d'altitude.

«Parmi les morts figurent en outre un ou deux Espagnols, un Italien, un Népalais et un Allemand», a-t-il précisé.

Selon le syndicat national (français) des guides de montagne (SNGM), quatre alpinistes français sont morts et trois sont portés disparus.

«Il y a sept victimes françaises, dont quatre décédées identifiées d'après des photos et trois disparus, ainsi que deux blessées évacuées par hélicoptère sur Katmandou», a déclaré à l'AFP le vice-président du SNGM, Christian Trommsdorff, qui se référait à des informations provenant du camp de base.

Un alpiniste italien chevronné âgé de 66 ans, Alberto Magliano, figure parmi les victimes, ont rapporté dimanche plusieurs médias italiens.

L'un des survivants italiens, Silvio Mondanelli, a fait état par téléphone à l'agence Ansa d'un bilan d'au moins treize morts. «Il est probable que sous l'avalanche il y ait d'autres victimes», a-t-il dit.

Selon lui, un sérac s'est détaché du flanc de la montagne et aurait provoqué, en tombant, une avalanche qui s'est abattue sur le camp de base n° 3.

À ce moment-là, tous les alpinistes dormaient dans les tentes avec les sherpas et ont été frappés de plein fouet par l'énorme masse de neige et de glace, a témoigné l'alpiniste.

Au moins trois alpinistes, faisant partie de ce même groupe d'environ 25 membres, étaient portés disparus au moment où les opérations de secours ont été interrompues dimanche avec la tombée de la nuit.

Selon la police, plusieurs membres de l'expédition ont été blessés et demeuraient bloqués au camp de base, les hélicoptères ne pouvant intervenir en raison de la faible visibilité.

Selon une source au ministère français des Affaires étrangères, deux alpinistes français ont néanmoins pu être «évacués vers Katmandou». «Il y avait plusieurs groupes faisant l'ascension (du Manaslu), dont deux groupes français», selon la même source qui a refusé de confirmer la mort de ressortissants français dans l'avalanche.

«Neuf corps ont été récupérés sur la montagne, dont ceux d'un sherpa et d'un alpiniste allemand», a déclaré à l'AFP par téléphone Basanta Bahadur Kunwar, un responsable local de la police.

«Pour le moment, 13 personnes ont été récupérées vivantes, dont cinq ont été envoyées par avion vers Katmandou pour être soignées», a indiqué ce policier à l'AFP.

Huit des rescapés sont toujours au camp de base n° 3, en raison de la mauvaise visibilité et des conditions météo qui empêchent les hélicoptères de voler.

Le Manaslu est la huitième montagne la plus élevée au monde et passe pour être l'une des plus dangereuses.