La Chine va envoyer samedi sa première femme dans l'espace, qui deviendra une héroïne pour plus d'un milliard de Chinois, à l'occasion de son premier rendez-vous spatial avec des astronautes à bord, nouvelle étape de son ambitieux programme.

« Trois astronautes, deux hommes et une femme », Liu Yang, « seront à bord du vaisseau Shenzhou IX pour effectuer le premier rendez-vous spatial » chinois samedi, a annoncé vendredi Mme Wu Ping, porte-parole du programme de vols habités, citée par Chine nouvelle lors d'une conférence de presse au centre spatial de Jiuquan.

Pilote de chasse de 33 ans, Liu Yang faisait partie, avec Wang Yaping, des deux femmes pré-sélectionnées pour cette mission qui doit permettre au vol habité de rejoindre le module de station spatiale Tiangong-1, actuellement en orbite terrestre.

Le vaisseau doit être lancé à 18 h 37 (6 h 37, heure de Montréal) samedi du pas de tir de Jiuquan, dans le désert de Gobi (nord-ouest), a annoncé le porte-parole, précisant que le remplissage des réservoirs du lanceur, une fusée Longue Marche 2F, devait commencer vendredi après-midi.

« Tous les systèmes de contrôle sont prêts » et les trois astronautes sont en bonne forme, a assuré Mme Wu Ping avant ce 4e vol spatial habité.

Ce premier « rendez-vous spatial », opération délicate qui requiert une haute technologie, est un nouveau sujet de fierté pour la Chine qui met les bouchées doubles pour assouvir ses grandes ambitions en matière de conquête de l'espace.

Le voile n'a donc été levé qu'à la veille du lancement sur l'identité de la taïkonaute qui serait finalement choisie et qui est assurée d'entrer dans l'histoire.

Liu Yang, commandante de l'Armée populaire de libération (APL), constituera l'équipage avec deux hommes : Jing Haipeng et Liu Wang.

Liu est une pilote expérimentée qui avait 1680 heures de vol avant d'être sélectionnée en mai 2010 pour un entraînement d'astronaute. L'excellence de ses performances lui a permis d'être recrutée en mars dernier comme candidate pour la mission Shenzhou IX, a expliqué Chine nouvelle.

« Dès le premier jour, on m'a dit que je n'étais pas différente des astronautes masculins », a déclaré Liu à la télévision CCTV juste après l'annonce la concernant.

« Je crois en la persévérance. Si l'on persévère, le succès est devant vous », a dit Liu, jolie femme aux cheveux courts habillée de son uniforme bleu de « taïkonaute ».

Interrogée sur le fait d'être une femme astronaute, elle a répondu : « Ce n'est pas un problème pour moi, nous sommes tous des pilotes de chasse. »

Elle a expliqué toutefois se « sentir coupable vis-à-vis de sa famille », en raison des exigences des entraînements qui lui laissent peu de disponibilité.

Liu est donc en orbite pour devenir la nouvelle héroïne chinoise. Les journaux avaient insisté sur le sang froid dont elle avait fait preuve en percutant en vol une nuée de pigeons qui avaient endommagé son jet, qu'elle était malgré tout parvenue à poser.

La Chine sera le troisième pays, après les États-Unis et la dissoute URSS, à envoyer une femme dans l'espace grâce à sa propre technologie. Le premier vol habité chinois remonte à octobre 2003 avec Yang Liwei, taïkonaute resté depuis célèbre.

Le 29 septembre 2011, une fusée Longue Marche 2F avait lancé Tiangong-1, premier module de station orbitale chinoise.

La mission Shenzhou (« Vaisseau divin ») VIII avait permis en octobre 2011 aux Chinois de réaliser pour la première fois un amarrage entre deux vaisseaux inhabités orbitant autour de la Terre. Le précédent vol habité chinois est Shenzhou VII, en septembre 2008.

Tiangong-1 est resté dans l'espace après le désamarrage de Shenzhou VIII et a abaissé son orbite début juin pour se mettre en position de recevoir Shenzhou IX.

Par mesure de sécurité, un des trois spationautes restera à bord de Shenzhou IX après l'amarrage tandis que les deux autres prendront place à bord de Tiangong-1.

La maîtrise des rendez-vous spatiaux est une étape cruciale dans la conquête de l'espace, franchie par les Russes et les Américains dans les années 1960.

Le programme en cours vise à doter d'ici une décennie la Chine d'une station orbitale dans laquelle un équipage peut vivre en autonomie durant plusieurs mois, comme l'ancienne station russe Mir ou la Station spatiale internationale (ISS).