Rahul Gandhi et le parti du Congrès jouaient gros mercredi dans l'Uttar Pradesh, l'État le plus peuplé de l'Inde, à l'occasion d'un scrutin-test pour l'arrière-petit-fils de Nehru, considéré comme le possible futur premier ministre du pays.

Rahul Gandhi, 41 ans, ne se présente pas à cette élection qui se déroule en sept étapes jusqu'au trois mars et dont les résultats seront connus le six mars.

Mais il a fait campagne au nom du parti du Congrès, présidé par sa mère Sonia, afin de mesurer sa popularité et sa capacité à mobiliser les foules dans un État qui échappe depuis 22 ans au parti au pouvoir.

Le petit-fils de la première ministre Indira Gandhi, assassinée en 1984, fait l'objet de toutes les attentes depuis l'assassinat de son père Rajiv, en 1991.

Un succès électoral du «Congress» conforterait sa place de prétendant à la succession du premier ministre Manmohan Singh, dont la coalition est ébranlée par des affaires de corruption à répétition depuis 18 mois.

Un échec alimenterait les doutes de nombreux observateurs dont certains, loyalistes à la dynastie Gandhi, parient sur sa soeur, Priyanka. Et fragiliserait d'autant le parti alors que 80 mandats parlementaires -sur 552- seront en jeu dans l'Uttar Pradesh aux législatives de 2014.

Car sans l'illustre lignée familiale, Rahul Gandhi, un célibataire endurci qui paraît fuir la publicité, serait un candidat improbable au fauteuil de premier ministre, même s'il a gagné en assurance depuis ses débuts en 2004.

Des télégrammes diplomatiques américains révélés par WikiLeaks le qualifiaient en 2004 d'«homme sans consistance». Pour se faire un prénom, il «devra se salir les mains dans la politique indienne, tumultueuse et sans pitié», ajoutaient-ils.

«Je suis en colère quand je vois que l'État est à la traîne par rapport au reste du pays», a dit Rahul Gandhi en référence à l'extrême pauvreté de l'Uttar Pradesh qui affiche les indicateurs parmi les pires de l'Inde en matière de mortalité infantile, espérance de vie, taux d'alphabétisation et de malnutrition.

L'État est dirigé par «la reine des intouchables», connue sous le nom de Mayawati, la chef du Bahujan Samaj Party (BSP, le Parti de la société dalit) et chef du gouvernement local depuis 2007.

Mayawati, dont l'administration a été accusée de corruption et qui est taxée de mégalomanie pour avoir érigé des statues d'icônes intouchables, dont elle-même, est candidate à un second mandat.

Aucun sondage fiable n'est disponible pour mesurer le rapport de force entre le parti du Congrès, le BSP, le Samajwadi Party (formation régionale, SP) et le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata Party (BJP), en lice pour ce scrutin.

 

À Barabanki, une ville située à 35 kilomètres de la capitale de l'État Lucknow, la participation était faible dans la matinée où peu d'électeurs avaient bravé la pluie.

«On en a assez du SP et du BSP, il est temps de donner sa chance au parti du Congrès qui n'a pas gouverné depuis longtemps», estimait Mohahmmed Zahir Akhtar, un fonctionnaire retraité de 65 ans, à la sortie d'un bureau de vote.

«Rahul Gandhi est prometteur», a-t-il ajouté.

L'Uttar Pradesh compte 200 millions d'habitants, dont une forte minorité musulmane, ce qui fait virtuellement de cet État le cinquième pays de la planète.