La Corée du Sud permettra de nouveau l'importation de produits du boeuf du Canada, huit ans après l'imposition d'un embargo.

Le ministre canadien de l'Agriculture, Gerry Ritz, a confirmé la nouvelle vendredi, après que des médias sud-coréens l'eut rapportée. Il a estimé que cette nouvelle constitue un «beau cadeau de la nouvelle année» pour le secteur bovin et pour l'économie canadienne.

Le ministre a soutenu que la levée de l'embargo permettra au secteur bovin d'engranger 30 millions $ supplémentaires d'ici 2015. Avant l'embargo, la Corée du Sud représentait le quatrième marché pour les exportations de boeuf canadien, d'une valeur de 60 millions $, selon Boeuf Canada.

La vente de boeuf canadien âgé de moins de 30 mois est donc autorisée dès vendredi en Corée du Sud, qui a accepté les exigences sanitaires présentées au Parlement du pays de l'Asie de l'est le 30 décembre dernier.

Le processus législatif entraîné par cette adoption s'est terminé vendredi, ouvrant la porte à l'exportation.

Il y a huit ans, Séoul a bloqué l'entrée du boeuf canadien sur son territoire lorsqu'un cas d'encéphalopathie spongiforme bovine (ESB) a été signalé au Canada. Il s'agit du mal couramment appelé maladie de la vache folle.

Le ministre a rappelé que la Corée du Sud est le dernier pays asiatique d'importance à lever l'embargo depuis la crise de l'ESB en 2005.

S'exprimant sur une ferme située près de Spruce Grove, en Alberta, M. Ritz a affirmé que beaucoup de travail a été nécessaire pour permettre le rétablissement des échanges avec la Corée du Sud.

«Notre gouvernement a travaillé sans relâche à la réouverture du marché sud-coréen au boeuf canadien de première qualité, et la décision du gouvernement de la Corée du Sud de restaurer cet accès est le résultat direct de ces efforts», a-t-il fait valoir.

L'organisation Boeuf Canada s'est réjouie de cette levée de l'embargo. Par voie de communiqué, le président, Rob Meijer, a indiqué que les producteurs canadiens sont prêts à répondre à la demande sud-coréenne.

«La grande qualité et la salubrité du boeuf et du veau canadiens sont reconnues internationalement, et nous sommes impatients de répondre à la demande des clients sud-coréens pour le boeuf et le veau de qualité supérieure», a-t-il affirmé.

Boeuf Canada, organisation financée et administrée par les producteurs, est responsable du développement du marché national et international du boeuf et du veau.

Si cette annonce constitue une bonne nouvelle, certains rappellent qu'il reste encore du chemin à faire.

Travis Toews, de la Canadian Cattlemen's Association (CCA), qui représente 83 000 producteurs, a expliqué que plusieurs marchés doivent encore être développés pour revenir aux niveaux d'avant 2003.

S'il a précisé que les 30 millions $ ne constitueront qu'une petite partie du total des exportations, M. Toews a soutenu que l'accord signifie tout de même que 90% de l'accès du Canada aux marchés a été restauré.

De son côté, le président de XL Foods, Brian Nilsson, a souligné que le boeuf canadien est encore en concurrence avec les États-Unis, qui dispose d'une entente de libre-échange avec la Corée du Sud, ce qui rend son boeuf plus abordable.

M. Toews a renchéri, arguant que la levée de l'embargo ne signifie pas que le Canada a complètement accès à tous les marchés et que ceux du Mexique et du Japon ne lui sont pas pleinement ouverts.

Il s'est toutefois dit confiant que les producteurs de boeuf canadien regagneront les parts de marchés perdues pendant l'embargo.

À la suite de l'interdiction par la Corée du Sud des importations de boeuf canadien et de ses produits, le Canada avait obtenu la création d'un comité d'un groupe spécial de l'Organisation mondiale du commerce (OMC), chargé d'examiner la décision de la Corée du Sud. Ce comité a mené à la création d'un processus, en juin 2011, visant à rouvrir les frontières sud-coréennes au boeuf canadien.