Une vidéo montrant des femmes issues d'une tribu primitive protégée en train de danser pour des touristes en échange de nourriture sur les îles Andaman (Inde) a provoqué la colère de militants et déclenché l'ouverture d'une enquête.

Le quotidien britannique The Observer a diffusé sur son site internet une vidéo prise par un touriste montrant des femmes de la tribu Jarawa, certaines nues, en train d'exécuter des danses après des pots-de-vin qui auraient été versés à un policier pour qu'elles se donnent en spectacle.

La vidéo, prise par un touriste, montre des femmes s'enquérant de la nourriture promise après quelques pas de danse accompagnée de chants.

Selon la loi indienne destinée à protéger les groupes tribaux de l'influence extérieure et des maladies, il est interdit de les photographier ou d'entrer en contact avec eux.

Le ministre indien des Affaires tribales, V. Kishore Chandra Deo, a promis de prendre des mesures après l'incident, qu'il a qualifié mercredi de «dégoûtant». Le ministère de l'Intérieur a pour sa part demandé un rapport.

Survival International, qui milite pour le droit des tribus dans le monde, a dénoncé la vidéo dans laquelle les touristes semblent apprécier «les zoos humains».

«Il est assez clair que l'attitude de certaines personnes envers les populations tribales n'a pas changé d'un iota. Les Jarawa ne sont pas des animaux de cirque que l'on fait danser sur commande», a commenté Stephen Corry, le directeur de l'organisation, cité dans un communiqué.

Un anthropologue indien, A. Justin, qui travaille sur les îles Andaman, a toutefois émis des doutes sur l'actualité de la scène.

«Avant le tsunami de 2004, les gens auraient pu les forcer à danser (...). Depuis le tsunami, une politique de grande autonomie avec un minimum d'intervention a été mise en place. Les choses se sont un peu améliorées, il y a un grand soin (apporté à la sécurité) maintenant», a-t-il assuré.

La police des îles Andaman a de son côté jugé que c'était un «vieil» enregistrement.

«La vidéo semble vieille de six ou sept ans, lorsque les Jarawa ne s'habillaient pas. Aujourd'hui, ils s'habillent en public», a relevé le directeur général de la police, Samsher Deol.

La police a ouvert une enquête pour connaître l'identité du vidéaste et de ceux qui ont payé et reçu le pot-de-vin.

En juin l'an dernier, Survival International avait accusé huit agences de voyages indiennes d'organiser des «safaris humains» pour que les touristes puissent photographier les Jarawa.

L'organisation avait appelé les touristes à ne pas emprunter la route utilisée pour entrer dans la réserve de cette tribu, qui compte 403 membres et est menacée d'extinction.

Les îles Andaman et Nicobar, perdues dans l'océan Indien, abritent quatre autres tribus dites «primitives, dont chacune compte moins de 350 membres.