Il y a 50 ans cette année, après avoir testé un herbicide pour défolier une forêt près d'un village du centre du Viêtnam, l'armée américaine s'apprêtait à en arroser toute la région. L'opération Ranch Hand allait commencer.

Entre 1961 et 1971, environ 77 millions de litres d'herbicides ont été vaporisés sur 18% des forêts vietnamiennes.

La substance la plus utilisée a hérité d'un surnom inspiré de la couleur du baril dans lequel elle était entreposée: l'agent orange. Répandu sur les végétaux, l'herbicide entraîne la chute des feuilles, exposant du coup les combattants qui se cachent dans la forêt.

Mais bien vite, les effets toxiques sur l'être humain ont commencé à apparaître. Cancers, malformations chez les nouveau-nés... Les dioxines présentes dans l'agent orange sont parmi les plus toxiques et sont encore présentes dans l'environnement vietnamien. Le nombre de Vietnamiens exposés directement à l'herbicide varie, selon les estimations, entre 2,1 et 4,8 millions. Et 40 ans après la fin de son utilisation, des enfants souffrent encore d'importants problèmes de santé liés à sa présence dans les sols et dans la chaîne alimentaire.

Le photographe belge Olivier Papegnies s'est rendu au Viêtnam à plusieurs reprises au cours des 11 dernières années, pour voir comment l'agent orange continue de hanter les Vietnamiens. La troisième génération, constate-t-il, «souffre encore et toujours des séquelles de cette guerre inhumaine et barbare». «À l'heure où les Américains se retirent de l'Irak, où il est question d'épandages d'herbicides sur les cultures de pavot en Afghanistan et sur les cultures de coca en Colombie pour éradiquer le trafic de drogue en appauvrissant la population, les Vietnamiens, eux, pansent les blessures de leurs enfants victimes d'une guerre qu'ils n'ont jamais connue...»