Près de 30 000 personnes ont déjà fui une zone tribale du Nord-Ouest pakistanais frontalière de l'Afghanistan où l'armée a lancé lundi une offensive pour déloger les rebelles talibans et leurs alliés d'Al-Qaïda, ont annoncé mardi les autorités locales.

Selon un responsable local, Sahibzada Anis, près de 4000 familles, comptant en moyenne sept membres, ont quitté le district tribal de Kurram.

Plus de 450 familles cherchaient encore un refuge dans des camps ou des écoles, alors que la grande majorité des déplacés avaient trouvé à se loger chez leurs proches dans les zones environnantes, a-t-il ajouté.

«Les autorités vont fournir aux chefs tribaux concernés des vivres et d'autres aides» dans l'attente de la fin de l'offensive, a-t-il précisé.

Lundi, le chef de l'autorité de gestion des catastrophes dans les zones tribales, Arshad Khan, avait indiqué que 1000 familles avaient déjà fui Kurram, ajoutant s'attendre à ce que l'offensive de l'armée entraîne le déplacement de 8000 à 12  000 familles.

L'armée n'avait de son côté annoncé mardi aucun bilan de son engagement sur le terrain ou d'éventuelles victimes de cette offensive lancée lundi.

Le Pakistan, qui subit une pression continue des États-Unis, leur premier bailleur de fonds, a accepté de participer à la fin 2001 à la «guerre contre le terrorisme», pour déloger les rebelles de ces zones tribales reculées.

Cette pression a redoublé depuis qu'un commando des forces spéciales américaines a tué le chef d'Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, le 2 mai dernier à Abbottabad, dans le nord du pays.

Mais l'armée pakistanaise, qui a multiplié les offensives dans le Nord-Ouest ces dernières années, perdant près de 3000 soldats, a jusqu'ici refusé l'appel américain à ouvrir un nouveau front dans le Waziristan du Nord, considéré comme le premier sanctuaire des talibans et d'Al-Qaïda.

L'armée a annoncé de multiples victoires contre les rebelles, qui ont tendance à fuir ses offensives pour se réfugier dans les zones tribales voisines. En représailles, les talibans ont multiplié les attentats depuis quatre ans, notamment dans le Nord-Ouest, faisant près de 4500 morts.