Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-Il a poursuivi lundi, dans une zone de développement économique près de Shanghai, une très discrète visite en Chine probablement destinée à obtenir de son proche allié une aide et des idées de développement pour son pays exsangue.

«Le leader de la Corée du Nord, Kim Jong-Il, se trouve actuellement en visite en Chine», a simplement déclaré lundi à l'AFP un porte-parole du parti communiste chinois.

La veille, le premier ministre chinois Wen Jiabao avait pour la première fois officiellement confirmé la présence de Kim Jong-Il, arrivé vendredi à bord de son train spécial en Chine, son plus proche allié et principal pourvoyeur d'aide économique.

Après deux arrêts dans le nord-est du pays, il a visité lundi une zone économique de développement de la ville de Yangzhou, près de Shanghai, la capitale économique et financière chinoise, selon des sources non identifiées citées par l'agence sud-coréenne Yonhap.

Sur le chemin du retour, Kim pourrait également se rendre dans un site de développement industriel conjoint, à la frontière entre les deux pays, ajoute Yonhap.

Cette visite -la troisième en un peu plus d'un an du dirigeant nord-coréen qui vit reclus et ne quitte son pays que pour se rendre en Chine- illustre pour les experts le besoin criant d'aide de la Corée du Nord, confrontée à de dramatiques pénuries et à des sanctions internationales en raison de la poursuite de son programme nucléaire.

Le régime de Pyongyang, seule dynastie communiste au monde, a été jusqu'ici réticent à s'engager sur la voie des réformes de peur de voir son emprise sur le peuple s'effriter, malgré une économie aux abois.

Mais pour Kim Yong-Hyun, chercheur à l'Université Dongguk de Séoul, cette visite reflète la volonté de Kim de renforcer encore les liens économiques avec Pékin.

L'influence économique chinoise sur son voisin nord-coréen a augmenté alors que la Corée du Sud et les nations occidentales ont interrompu leur aide face à la menace nucléaire nord-coréenne et au refus de Pyongyang de discuter de sa dénucléarisation.

Les échanges commerciaux entre la Corée du Nord et la Chine ont augmenté de 32% l'an passé, pour atteindre 2,4 milliards d'euros.

Le programme des visites toujours très discrètes de Kim Jong-Il n'est traditionnellement divulgué qu'une fois le dirigeant rentré chez lui et ce voyage devrait durer une semaine, selon Yonhap.

Selon l'agence sud-coréenne, Kim Jong-Il pourrait aussi être allé à Yangzhou, située dans la province du Jiangsu, rencontrer l'ancien président Jiang Zemin.

De nombreux messages sur l'équivalent chinois de Twitter faisaient état d'artères fermées à la circulation et d'un renforcement très visible de la sécurité à Yangzhou.

Selon le journal sud-coréen JoongAng Ilbo, Kim Jong-Il a rencontré dimanche soir M. Jiang et pourrait avoir l'intention de se rendre ensuite à Shanghai, avant d'aller à Pékin pour s'y entretenir avec le président Hu Jintao.

Le voyage de Kim Jong-Il, 69 ans, à la santé apparemment chancelante, vise également à montrer qu'il tient encore fermement les rênes du pouvoir, selon le professeur Kim Yong-Hyun.

Victime d'une attaque en août 2008, il a accéléré depuis lors le processus de succession en faveur de son fils Kim Jong-Un.

À seulement 27 ans, le plus jeune fils de Kim Jong-Il a accédé en septembre à de hautes fonctions devenant membre du comité central du parti unique au pouvoir et vice-président de sa commission militaire centrale.