Comment fait-on pour prouver l'existence de goulags secrets, cachés dans les montagnes de la Corée du Nord? Amnistie internationale vient de rendre publics des témoignages d'anciens détenus ainsi que des photos satellites de camps de concentration où 200 000 prisonniers politiques seraient condamnés à l'esclavage. La constatation de l'organisation de défense des droits de l'homme? Les camps, qui avaient été photographiés il y a 10 ans, ne cessent de s'agrandir alors que le dictateur Kim Jong-il s'apprête à transmettre le pouvoir à son jeune fils Kim Jong-un. Quatre mots pour mieux comprendre.

Goulags

Selon Amnistie internationale, les goulags nord-coréens existeraient depuis 50 ans dans les montagnes des provinces du Pyongan du Sud, du Hamgyong du Nord et du Sud. Le plus important est situé à Yodok (photo ci-contre). Il porte le nom de Kwan-li-so 15, soit centre de rééducation. Ce camp est divisé en deux zones. Une pour les prisonniers «récupérables» et une autre, la zone de contrôle totale, pour les prisonniers condamnés à vie et leurs proches.

Esclavage

Un ancien détenu de Kwan-li-so, qui a réussi à fuir la Corée du Nord, a décrit une journée de travail dans les camps. Les détenus travaillent dès 4h du matin jusqu'à 20h, avec de courtes pauses pour les repas. Ils font du travail agricole, fabriquent de la pâte de soya ou des bonbons ou encore doivent oeuvrer dans des mines de charbon. Une fois la journée terminée, ils doivent assister à deux heures d'éducation idéologique. S'ils ne mémorisent pas correctement la propagande du régime, ils sont privés de sommeil.

Rats

Pour survivre, les détenus se voient parfois obligés de manger des rats, des vers de terre ou de tirer des épis de maïs du purin des animaux du camp. Un ex-détenu a estimé qu'entre 1999 et 2001, 40% des prisonniers sont morts de malnutrition. Jeong Kyoungil, qui a été détenu dans les camps de 2000 à 2003, raconte que les prisonniers se réjouissent presque lorsque l'un d'eux trépasse. Les survivants qui enterrent le corps ont droit à un bol de riz de plus.

Torture

Les détenus qui tentent de s'évader sont habituellement exécutés publiquement après avoir été interrogés pendant plusieurs jours. Ceux qui désobéissent aux ordres s'exposent à des traitements inhumains et à la torture. Les autorités nord-coréennes utilisent notamment des cubes dans lesquels les prisonniers ne peuvent ni s'asseoir ni se tenir debout. Un enfant aurait eu droit à ce traitement pendant huit semaines.