Ouverture de la Bourse retardée, vols d'avions reportés, klaxons interdits: la Corée du Sud retenait son souffle jeudi, en raison de la tenue d'un examen crucial pour des milliers d'écoliers désireux d'entrer dans les meilleures universités de ce pays obsédé par la réussite scolaire.

La Bourse de Séoul et de nombreux bureaux et usines ont ouvert plus tard que d'habitude afin d'éviter les embouteillages qui auraient pu retarder l'arrivée des candidats à leurs centres d'examen. La police était chargée d'escorter les retardataires.

Les transports publics ont été renforcés, avec des bus et des rames de métro supplémentaires spécialement affectés pour la journée.

Les décollages et atterrissages étaient interdits pendant l'examen d'anglais, une décision qui affecte 118 vols, a indiqué le ministère des Transports.

Les conducteurs d'automobiles et de train ont été priés de ne pas faire usage de leur klaxon pour ne pas perturber les étudiants pendant cette épreuve en partie orale.

Quelque 712 000 écoliers sud-coréens passaient jeudi le «Test de capacité scolaire pour l'université» dans 1206 centres répartis dans tout le pays, selon le ministère.

La date de cet examen avait été repoussée d'une semaine en raison de la tenue du sommet du G20 la semaine dernière à Séoul.

Cet examen est crucial pour l'avenir des jeunes Coréens car les universités s'appuient sur ces résultats pour choisir leurs étudiants. Et le passage par une bonne université est capital pour obtenir ensuite un emploi prestigieux.

Pour empêcher tout bruit intempestif pendant les examens, l'armée a suspendu ses exercices de tirs et la circulation automobile est interdite à moins de 200 mètres des centres d'examen.

Depuis plusieurs jours, les églises et les temples bouddhistes reçoivent la visite de nombreux parents, qui prient pour le succès de leurs enfants.

«J'ai l'impression que ces derniers jours ont été plus longs que les douze années que je viens de passer à financer la scolarité de mon fils», a déclaré un père de 45 ans à l'agence sud-coréenne Yonhap.

Dans une école de l'île de Jeju, les professeurs et étudiants ont procédé à un rituel chamanique traditionnel: ils se sont agenouillés et ont touché le sol avec leur front devant une table couverte de gâteaux de riz, de fruits et de têtes de cochon bouillies.

Les magasins proposaient ces derniers jours quantité de boîtes cadeau, contenant des gâteaux de riz. Une croyance veut que les gâteaux de riz gluants aident les leçons apprises à rester «collées» au cerveau des étudiants.

«Évitez la viande et la nouriture grasse!» recommande une diététicienne aux mères des candidats pour la composition de l'en-cas de la mi-journée, dans le journal à fort tirage Chosun Ilbo.

Cette poussée de fièvre annuelle s'explique par l'obsession du pays pour le parcours universitaire, souligne Kim Dal-Hyo, de l'université Dong-A de Busan. Aller dans les meilleures écoles permet également de forger des liens qui pourront se révéler utiles en cours de carrière.

«Les parents dépensent des fortunes en cours privés pour leurs enfants afin de les envoyer dans de bonnes écoles», déclare-t-il à l'AFP. «Tant que ce système de hiérarchisation des universités, totalement ossifié, n'est pas remis en cause, cette journée de folie nationale ne disparaîtra pas».