Plus de 400 Sud-Coréens renouaient les liens dimanche avec des membres de leur famille vivant en Corée du Nord qu'ils n'ont pas revu depuis 60 ans, au deuxième jour d'une rare réunion organisée dans le cadre d'un programme humanitaire de retrouvailles.

Un convoi d'autobus avec à bord 435 Sud-Coréens avait franchi samedi la ligne démilitarisée marquant la frontière avec la Corée du Nord pour cette réunion familiale de trois jours, décidée depuis plusieurs semaines et maintenue en dépit d'un regain de tensions entre les deux pays.

Ils ont retrouvé 97 Nord-Coréens, dans un complexe résidentiel du Mont Kumgang, près de la frontière.

Ko Bae-Il, citoyen américain 62 ans, est venu des États-Unis pour rencontrer son père, dont il a été séparé à l'âge de trois ans. «Je ne te laisserai jamais partir lorsque je verrai ton âme, après notre mort», a déclaré en larmes M. Ko, tenant les mains de son père, selon des images de la télévision sud-coréenne.

Jeong Gi-Young, 72 ans, avait apporté de Corée du Sud quatre paires de chaussures pour son frère, Gi-Hyeong, «emmené pied nu» comme porteur vers le Nord par l'armée communiste en 1950, lorsqu'il avait 19 ans, a-t-elle dit.

Sa famille n'avait plus eu de nouvelles jusqu'à aujourd'hui. «Ma mère m'a toujours dit "même si je meurs avant de le revoir, ce sera à vous de le retrouver, coûte que coûte", a raconté Jeong Gi-Young, elle aussi en pleurant.

La télévision sud-coréenne montrait les images de ces Coréens, pour beaucoup âgés de 80 ans et plus, se serrant dans les bras les uns des autres, munis de photos de famille datant de plus de 60 ans.

Après cette réunion qui s'achève lundi, de nouvelles retrouvailles auront lieu, entre 96 Sud-coréens et 207 Nord-Coréens de mercredi à vendredi, toujours au même endroit.

Ces réunions, les premières depuis un an, ont été maintenues malgré des échanges de coups de feu vendredi entre des soldats nord-coréens et sud-coréens près de la frontière.

Quelque 80 000 Sud-Coréens sont inscrits dans ce programme de retrouvailles de familles, qui a démarré en 2000. Mais 4000 meurent chaque année avant de pouvoir revoir leurs proches, dont ils sont séparés depuis la guerre de Corée (1950-1953).