Aucun média ou observateur étrangers ne sera autorisé à entrer en Birmanie pour les élections du 7 novembre, considérées par l'Occident comme une mascarade destinée à légitimer le régime militaire.

«Concernant la venue d'observateurs étrangers, notre pays a beaucoup d'expérience en matière d'élections», a déclaré lundi le président de la commission électorale Thein Soe devant des diplomates et des journalistes dans la capitale.

Il a précisé que les diplomates étrangers et les représentants des agences de l'ONU déjà présents en Birmanie pourraient observer ces premières élections en 20 ans.

«Les diplomates sont des représentants de leur pays. Donc, nous estimons qu'il n'est pas nécessaire d'autoriser d'autres pays à observer séparément», a-t-il ajouté.

Concernant les médias, il a noté que des agences de presse étrangères avaient déjà des journalistes basés en Birmanie, et que les journalistes étrangers ne seraient donc pas autorisés à y entrer pour le scrutin.

Appareils photos et caméras seront également interdits dans les 40 000 bureaux de vote pour que les plus de 29 millions d'électeurs puissent «voter en toute liberté», a-t-il ajouté.

Dans un pays dirigé par une succession de régimes militaires depuis 1962, ces élections sont vues par l'Occident comme une manipulation et une volonté des militaires de se muer artificiellement en un régime civil sans céder une once de pouvoir.

Un quart des sièges au Parlement leur est d'ailleurs réservé et la victoire des partis alignés sur la junte ne fait guère de doute pour les 1159 sièges restant à pourvoir dans les deux assemblées nationales et les parlements régionaux.

Le président de la commission électorale a malgré tout nié lundi tout favoritisme envers le Parti de la solidarité et du développement de l'Union (USDP), récemment créé de toutes pièces par le régime.

«Il n'y a pas de petits ou de grands partis. Ils sont tous pareil. Si un parti est enregistré, il aura des droits», a-t-il assuré, précisant que 3071 candidats de 37 partis étaient inscrits.

Mais le scrutin aura lieu sans la dissidente Aung San Suu Kyi, et sans son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, dissout pour avoir décidé de le boycotter.

La lauréate du prix Nobel de la paix, dont le parti a remporté les dernières élections en 1990 sans jamais être autorisé à exercer le pouvoir, a vécu en résidence surveillée sans interruption depuis 2003 et pendant plus de 15 des 21 dernières années.

Sa dernière condamnation doit expirée le 13 novembre, seulement quelques jours après les élections.

Aung San Suu Kyi voudrait twitter

Une fois libre, elle compte «avoir un compte Twitter pour parler et discuter avec les adolescents du monde entier», a indiqué lundi son avocat Nyan Win après lui avoir rendu visite.

Malgré la fin en principe proche de cette libération, l'avocat continue son combat devant la justice. Lundi, la Cour suprême birmane a examiné une nouvelle demande d'appel contre sa dernière condamnation à 18 mois supplémentaires d'assignation à résidence en 2009, sans se prononcer sur sa recevabilité.

La «Dame» de Rangoun avait déposé cet appel en mai, après deux premiers rejets.

La junte a d'autre part annoncé le mois dernier que les élections ne pourraient se tenir dans un certain nombre de zones en proie à la rebellion de groupes ethniques, excluant du processus des millions de membres des minorités ethniques.

«Il y a des groupes armés dans certaines zones. Nous estimons qu'il pourrait y avoir des pressions de leur part pour favoriser certains partis (...) C'est pour ça que nous n'organiserons pas les élections dans ces lieux», a justifié Thein Soe.