L'ex-premier ministre thaïlandais en exil Thaksin Shinawatra, ennemi juré de l'actuel gouvernement, entend s'impliquer de plus en plus dans la campagne électorale pour les élections de 2011, a indiqué jeudi le principal parti d'opposition, dirigé par ses proches.

Lors d'une connexion vidéo au début d'une réunion du Puea Thai, mercredi, l'homme d'affaires a proposé son aide pendant la campagne, selon le porte-parole du parti, Prompong Nopparit.

«Il a indiqué qu'il était prêt à donner des conseils sur les problèmes économiques, des conseils aux candidats pendant la campagne, des conseils sur les politiques du parti», a-t-il expliqué. «Il a conseillé de mettre en ordre les idées du parti pour commencer la campagne en novembre, après la fin de la session parlementaire».

Le premier ministre Abhisit Vejjajiva doit convoquer des élections avant fin 2011, date de la clôture de l'actuelle législature. Fin septembre, il avait envisagé des élections anticipées au début de l'année, mais aucune date n'a été officiellement arrêtée dans un pays dont la capitale est toujours placée sous état d'urgence.

Au pouvoir de 2001 jusqu'à son éviction en 2006 par un coup d'État militaire, Thaksin est parti en exil en août 2008 juste avant d'être condamné à deux ans de prison pour corruption.

L'ex-magnat des télécommunications, 61 ans, est également recherché pour «terrorisme». Il est soupçonné d'avoir financé les «chemises rouges», manifestants antigouvernementaux qui ont occupé Bangkok entre mars et mai pour faire chuter Abhisit.

Cette crise, la plus grave qu'ait connue la Thaïlande moderne, avait fait au total 91 morts et 1 900 blessés.

Depuis son départ en exil, Thaksin a régulièrement communiqué avec ses partisans, qui lui restent fidèles pour les programmes sociaux mis en place lorsqu'il était au pouvoir. Mais ses apparitions se sont faites beaucoup plus rares depuis la crise du printemps.

Prompong Nopparit a ajouté que Thaksin s'exprimerait «aux moments opportuns».

«Il n'a pas beaucoup parlé récemment parce qu'il veut la réconciliation, il ne veut pas que le gouvernement se méfie de lui», a-t-il ajouté.

Thaksin, adoré ou détesté, reste une figure centrale de la vie politique thaïlandaise.

«Je ne suis pas surpris (qu'il) veuille rester actif en politique», a indiqué à l'AFP Pavin Chachavalpongpun, chercheur à l'Institut des études sur l'Asie du sud-est de Singapour (ISEAS).

Selon lui, le héros des «rouges» s'est effacé à cause des poursuites pour «terrorisme». Mais «il va essayer de revenir pour jouer un rôle légitime et je pense que les élites devraient être suffisamment ouvertes pour le laisser faire. La réconciliation ne réussira pas sans Thaksin», a-t-il ajouté.

Les «rouges», qui représentent les masses rurales et urbaines défavorisées du royaume, dénoncent la confiscation du pouvoir politique et économique par les élites de Bangkok, autour du palais royal, de l'armée, de la bureaucratie et de la magistrature.

Reste à savoir si l'ancien premier ministre reviendra physiquement en Thaïlande, où il risque en théorie la peine de mort. Un scénario peu probable, même en cas de victoire de l'opposition aux élections, selon l'expert.

«Il a tellement d'ennemis. Cela prendra du temps pour que la haine s'efface et les personnes qui le haïssent ont de l'argent et des armes», a-t-il estimé.