Le Pakistan, qui avait ordonné il y a 12 jours sur injonction de la justice le blocage de Facebook à cause d'un concours de dessins sur Mahomet jugé blasphématoire, a autorisé à nouveau lundi l'accès au site du réseau mondial de socialisation sur internet.

Ce concours de dessins sur le prophète de l'islam avait été lancé par un usager occidental sur Facebook, provoquant une vive controverse au Pakistan, pays musulman de quelque 170 millions d'habitants.

L'islam interdit strictement de représenter ou de dépeindre d'une quelconque manière Mahomet.

«Restaurez l'accès à Facebook. Nous ne souhaitons pas bloquer l'accès à l'information», a déclaré lundi à l'audience le juge Ejaz Chaudhry, qui préside la Haute cour de justice de Lahore, laquelle avait ordonné en référé le 19 mai au gouvernement de bloquer provisoirement l'accès au site jusqu'au jugement au fond.

Le gouvernement, jugeant les dessins «blasphématoires», s'était exécuté dès le lendemain. Pour les mêmes raisons, un jour après, Islamabad avait également fait fermer l'accès au site internet de partage de vidéos YouTube, finalement restauré le 26 mai.

Lundi soir, après que le gouvernement eut donné l'ordre au ministère de l'Information et des Technologies de signifier aux fournisseurs d'accès le nouveau jugement de Lahore, l'accès au réseau social était de nouveau possible.

Mais l'audience pour un jugement au fond a été repoussée par la Haute cour au 15 juin.

Toutefois, le juge Chauhdry a également demandé lundi au gouvernement de développer un système qui permette de bloquer de manière plus ciblée tout accès à des sites ou des pages jugés «blasphématoires» sur l'Internet, citant des expériences qui permettent de le faire en Arabie saoudite ou aux Emirats Arabes Unis.

«C'est le devoir du gouvernement de s'occuper de ces affaires, qui provoquent le resentiment des gens et les poussent dans la rue», a commenté le juge.

Le 21 mai, des milliers de Pakistanais avaient manifesté notamment aux cris de «Mort à Facebook», «Mort à l'Amérique». Le siège de Facebook est installé aux États-Unis.

Mudassir Hussain, un haut responsable du ministère de l'Information et des Technologies, a toutefois assuré lundi devant la Cour que toutes les URL (Uniform Resource Locator en anglais, schématiquement les «adresses» internet, ndlr) des pages «blasphématoires» continuaient d'être bloquées sur Facebook comme sur YouTube.

Les violentes protestations déclenchées dans nombre de pays musulmans dès 2006 par la publication de caricatures du prophète dans des journaux danois, puis d'autres pays d'Europe, avaient culminé le 2 juin 2008 au Pakistan : un attentat suicide contre l'ambassade du Danemark à Islamabad avait fait huit morts, dont un Danois.

L'attaque avait été revendiquée par Al-Qaeda en représailles à la publication des caricatures. Les zones tribales du nord-ouest du Pakistan, fief des talibans, sont les principaux sanctuaires du réseau d'Oussama ben Laden.

La semaine dernière, à la suite de l'appel au concours sur Facebook, de très nombreux dessins ont été postés sur le site, dont des caricatures représentant Mahomet sous des traits ou dans des postures particulièrement dégradantes.

Mais vendredi, la page Facebook qui hébergeait le concours avait disparu du réseau de socialisation, manifestement après avoir été supprimée par son auteur.