Les sauveteurs ont retrouvé samedi de nouveaux corps de victimes prisonnières de la carcasse d'un train au lendemain de l'accident dans l'est de l'Inde attribué à un sabotage des maoïstes, les autorités craignant que le bilan ne dépasse les 150 morts.

«Le bilan est désormais de 115 morts avec la découverte de nouveaux corps», a déclaré à l'AFP l'inspecteur général de la police du Bengale occidental, Surajit Kar Purakayastha

Plus de 30 heures après le déraillement d'un train express reliant Calcutta à Bombay, le bilan devrait continuer à s'alourdir, selon les sauveteurs qui travaillaient encore à extraire des corps des carcasses des voitures disloquées du train.

Plus de 200 personnes ont été blessées, certaines très grièvement.

Le drame s'est produit vendredi à environ 01h30 (16h00 jeudi à Montréal) dans un bastion maoïste à environ 135 km à l'ouest de Calcutta, capitale du Bengale occidental. Le train bondé de passagers assoupis a déraillé et s'est encastré dans un convoi de marchandises.

L'accident a été attribué par les autorités à un acte de sabotage de la sanglante rébellion maoïste qui sévit dans de nombreux États du pays.

L'agence Press Trust of India (PTI) a annoncé vendredi qu'un interlocuteur se réclamant d'un groupe soutenu par la guérilla maoïste, le «Comité du peuple contre les atrocités policières» (PCPA) revendiquait le sabotage. Mais un porte-parole de ce groupe a plus tard démenti toute responsabilité.

L'une des voitures du train écrasées par le train de fret devait encore être fouillée et une cinquantaine de passagers étaient toujours portés manquants.

Des vêtements déchirés et tachés de sang jonchaient les lieux, tandis que des rescapés tournaient anxieusement autour des équipes de secours, espérant retrouver un proche vivant dans la masse d'acier tordu.

«Je cherche ma femme et mes trois enfants depuis l'accident. J'ai trouvé leurs sacs... mais pas eux», dit Surendra Singh, âgé de 38 ans.

Les causes précises du déraillement étaient encore confuses.

La ministre des transports ferroviaires Mamata Banerjee a parlé «d'explosion d'une puissante bombe» mais la police a fait valoir des preuves selon lesquelles des plaques métalliques utilisées pour assembler des sections de la voie ferrée avaient été enlevées.

La police a catégoriquement désigné les maoïstes, soulignant que de la propagande maoïste avait été retrouvée sur le site.

Le secrétaire d'État au ministère de l'Intérieur, G.K. Pillai, a toutefois considéré qu'il y avait toujours matière à enquête. «Il est très probable que ce soient eux (les maoïstes). Il n'y a personne d'autre dans la région, mais nous enquêtons toujours», a-t-il déclaré à l'AFP.

La société indienne des chemins de fer a annulé jusqu'à nouvel ordre les trains de nuit dans plusieurs régions où la rébellion est active.

Le chef du gouvernement local du Bengale occidental, Buddhadeb Bhattacharya, a de son côté plaidé samedi pour une révision de la stratégie de contre-attaque du gouvernement. «Des innocents sont tués», s'est-il insurgé lors d'une conférence de presse à Calcutta.

L'État s'est jusqu'ici toujours refusé à faire appel à l'armée, préférant recourir à la police et aux forces paramilitaires.

Les maoïstes, actifs depuis 1967, sont présents dans 20 des 29 États de l'Union. Ces insurgés, qui seraient entre 10 000 et 20 000, disent lutter pour la défense des paysans sans terre et des tribus.