Les manifestants à Bangkok ont promis lundi de poursuivre leur mouvement contre le gouvernement thaïlandais jusqu'à ce que le vice-premier ministre se rende à la police et réponde des violences du 10 avril qui ont fait 25 morts et plus de 800 blessés.

Suthep Thaugsuban, vice-premier ministre, était officiellement en charge de la sécurité lorsque l'armée a été envoyée dans un quartier de la vieille ville, il y a un mois jour pour jour, pour en déloger par la force les «chemises rouges».

L'opération s'était soldée par un fiasco, avec un retrait des militaires abandonnant leurs blindés dans la précipitation et de terrifiants combats de rue.

De mystérieux hommes en noirs cagoulés et équipés d'armes de guerre, dont les deux camps se rejettent depuis l'appartenance, avaient été impliqués dans ces affrontements politiques, les plus meurtriers depuis 1992.

La sécurité a depuis été confiée au chef de l'armée, Anupong Paojinda, qui a plusieurs fois refusé d'utiliser la force contre le mouvement.

Les leaders rouges, dont certains sont poursuivis pour «terrorisme» en liaison avec ces événements et craignent l'arrestation s'ils mettent un terme au mouvement, ont déposé une plainte contre le vice-premier ministre.

«Si Suthep refuse de se rendre lui même à la police, nous refusons de mettre fin aux manifestations», a déclaré Nattawut Saikuar, un des principaux leaders rouges. «S'il se rend à la police, nous rentrerons chez nous».

«Nous demandons aux responsables qui ont pris des actions légales contre les «rouges» pour le 10 avril d'en prendre également contre Suthep», a ajouté l'opposant, ajoutant que le premier ministre Abhisit Vejjajiva n'était protégé d'une procédure semblable que par l'immunité liée à sa fonction.

Quelques minutes à peine après cette annonce, le porte-parole du gouvernement Panitan Wattanayagorn indiquait que Suthep se rendrait mardi matin au Département des enquêtes spéciales de la police (DSI) pour se voir notifier la plainte.

Le dossier «n'en est pas encore au stade de l'inculpation» a-t-il toutefois précisé, écartant l'idée d'une reddition en bonne et due forme.

Mais le doute demeurait entier sur l'issue d'une crise qui a fait au total 29 morts et près de 1 000 blessés et qui oscille en permanence depuis deux mois entre règlement pacifique et plongeon dans le chaos.

La semaine dernière, Abhisit avait proposé une feuille de route pour la réconciliation, comprenant une dissolution de la chambre basse du Parlement dans la deuxième quinzaine de septembre, puis des élections législatives anticipées le 14 novembre.

Les «rouges» avaient accueilli le plan favorablement, tout en refusant de démonter les barricades.

Abhisit, qui lutte pour maintenir en vie son plan de sortie de crise, avait demandé aux manifestants de décider ce lundi de leur date de départ. Le premier ministre redoute à chaque instant un nouveau regain de violence, plus encore après la nuit de vendredi à samedi, lorsque deux policiers ont été tués et douze personnes blessées dans des tirs et des jets de grenades.

Ce week-end, un émissaire américain en route pour la Birmanie s'est arrêté à Bangkok. Kurt Campbell, adjoint de la chef de la diplomatie américaine Hillary Clinton pour l'Asie de l'est et le Pacifique, a déclaré avoir eu «un ensemble éclairant de conversations» avec des cadres «rouges» et du gouvernement.