Quinze ans après, le Japon a rendu hommage samedi aux victimes de la pire attaque terroriste de l'histoire du pays, perpétrée par la secte Aum dans le métro de Tokyo et qui avait fait 13 morts et intoxiqué plus de 6000 personnes.

Le 20 mars 1995, des adeptes d'Aum Vérité Suprême disséminaient du gaz sarin en pleine heure de pointe matinale dans le métro de la capitale.

Des disciples de la secte avaient organisé l'attaque en déposant des sacs remplis de gaz sarin, plus mortel que le cyanure, dans cinq rames de métro convergeant vers Kasumigaseki, le quartier des ministères.

Samedi, des familles de victimes ont déposé des fleurs à la station Kasumigaseki et le personnel du métro a observé un moment de silence à 8h00 GMT, à l'heure où le gaz avait été disséminé.

Parmi les tués figurait Kazumasa Takahashi, un employé de métro de 50 ans. Sa veuve, Shizue, qui a réalisé un documentaire mêlant interviews de survivants, policiers, médecins, journalistes et responsables officiels témoins du drame, a appelé les adeptes de la secte à indemniser les familles.

«Que le gouvernement ait offert d'aider les victimes n'exempte pas les adeptes de la secte de leur responsabilité d'indemniser», a-t-elle déclaré.

Le Premier ministre Yukio Hatoyama a rendu hommage aux victimes et s'est engagé à faire tout son possible «pour garantir la sécurité des transports, notamment à prendre des mesures anti-terroristes».

Le gourou, Shoko Asahara, professait un mélange de bouddhisme et d'hindouïsme mâtiné de visions apocalyptiques. Son culte Aum a compté jusqu'à 11 400 disciples au Japon.

Bien avant l'attaque du métro, la secte avait déjà commis meurtres et enlèvements, fabriqué bombes et armes chimiques, disséminé du gaz sarin dans la ville de Matsumoto (centre), tuant sept personnes. Elle aurait même cherché à utiliser le virus Ebola.

Mais la police n'a pris conscience de la dangerosité d'Aum qu'après l'attentat. Lorsqu'elle a enfin lancé des raids sur ses bases, elle y a trouvé un hélicoptère militaire russe, entre autres.

Après l'attaque, le gouvernement fut accusé de rechigner à aider les victimes, qui ont dû battre campagne pour obtenir davantage de soutien médical et financier.

Shoko Asahara et douze autres dirigeants de la secte ont été condamnés à mort mais aucun n'a encore été exécuté. Certains responsables sont toujours recherchés.

Le culte, qui s'est rebaptisé «Aleph», n'a pas été interdit, au nom de la liberté de religion. Les autorités lui ont toutefois interdit de poursuivre l'enseignement destructeur de l'ancien gourou et surveillent de près ses activités. La figure de Shoko Asahara reste néanmoins révérée parmi les disciples, quelque 1500 personnes au Japon et 200 en Russie.