Les lois relatives aux élections en Birmanie obligent la Ligue nationale pour la démocratie (LND) à exclure sa présidente, l'opposante Aung San Suu Kyi, a affirmé mercredi à l'AFP un porte-parole du parti.

Le pouvoir militaire a promulgué lundi cinq textes relatifs à la tenue d'élections dans les mois à venir, les premières dans le pays depuis 1990, mais leur contenu n'était révélé que progressivement dans les médias.

«J'ai constaté que nous devions exclure Mme Suu. L'attitude (des militaires au pouvoir) est très claire dans la loi», a indiqué Nyan Win, porte-parole de la LND à l'AFP.

La loi sur l'enregistrement des partis politiques stipule notamment que quiconque purge une peine de prison ne peut appartenir à un parti. Mme Suu Kyi purge actuellement une peine de 18 mois d'assignation à résidence, qui a été récemment confirmée par la cour suprême de Rangoun.

Les dernières élections il y a vingt ans avaient été remportées par la LND, qui n'a cependant jamais été autorisée à exercer le pouvoir. La dissidente a, depuis, passé plus de 14 ans privée de liberté.

La loi indique par ailleurs que les partis politiques ont 60 jours pour s'enregistrer auprès des autorités, ce qui va obliger les cadres de la LND à faire un choix rapidement.

«La LND doit répondre clairement mais je ne peux pas dire ce que nous allons répondre», a ajouté Nyan Win. J'ai été extrêmement surpris quand j'ai vu ça. Je ne pensais pas que ce serait aussi dur».

Dans un autre texte de loi, la junte birmane s'est arrogée un contrôle absolu sur la commission électorale, en stipulant que chacun de ses membres devra être «considéré par le SPDC comme une personnalité éminente», faire preuve de «loyauté envers l'Etat et ses citoyens» et ne «pas être membre d'un parti politique».

La constitution de 2008, approuvée juste après le passage du dévastateur cyclone Nargis (138 000 morts ou disparus), interdisait de toutes façons à Aung San Suu Kyi d'être elle-même candidate, car elle écarte par principe toute personne mariée à un étranger.

L'époux de Mme Suu Kyi, le Britannique Michael Aris, est décédé en 1999.

La communauté internationale a souligné depuis des mois que la libération de Mme Suu Kyi était indispensable à la crédibilité du scrutin, dont certains analystes estiment qu'il n'a pour objectif que de légitimer le maintien des militaires au pouvoir.

Mardi, les Etats-Unis se sont déclarés «sceptiques sur la possibilité que les élections prévues cette année soient crédibles».