Le numéro 2 de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), parti de l'opposante birmane Aung San Suu Kyi, a fait ses premiers pas d'homme libre depuis sept ans dimanche, faisant immédiatement promesse de reprendre le combat politique.

Tin Oo, un général à la retraite âgé de 83 ans, s'est rendu à la célèbre pagode Shwe Dagon de Rangoun, accompagné de sa femme et d'une dizaine de proches.

«J'espère trouver un moyen à travers le dialogue pour que notre pays puisse vivre uni et en paix», a-t-il déclaré à l'AFP.

Samedi, il avait affirmé qu'il serait dès lundi dans les bureaux de la LND. Les autorités «m'ont (...) dit de ne pas engager des actions susceptibles de perturber la construction de l'État. Mais je poursuivrai mes fonctions de vice-président du parti», avait-il prévenu.

Sa libération coïncide avec la visite à partir de lundi en Birmanie du rapporteur de l'ONU sur les droits de l'homme, Tomas Ojea Quintana.

L'Argentin, dont ce sera la troisième visite dans le pays depuis sa nomination à ce poste en mai 2008, a demandé à rencontrer la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi. Les autorités ne se sont pas prononcées officiellement.

La «Dame de Rangoun», qui a passé plus de 14 des 20 dernières années privée de liberté, a déposé un recours contre sa condamnation en août à 18 mois supplémentaires d'assignation à résidence. La cour suprême doit rendre son verdict dans les jours à venir.

Tin Oo avait été arrêté avec Mme Suu Kyi en 2003, après l'attaque de leur convoi par des miliciens pro-junte dans le nord du pays. Après plusieurs mois de détention à la prison de Kale, dans la division de Sagaing (centre), il avait été assigné à résidence sans procès en vertu d'une loi de répression de la subversion politique.

La junte a promis des élections en 2010, les premières depuis celles remportées en 1990 par la LND et dont les résultats n'ont pas été entérinés par le pouvoir militaire. La date du scrutin est encore inconnue mais les analystes évoquent en général le dernier trimestre de l'année.

La libération de Tin Oo a été accueillie par une satisfaction prudente de la communauté internationale, habituée aux messages contradictoires d'un régime militaire qui a emprisonné plusieurs dissidents ces dernières semaines et détient actuellement dans ses prisons quelque 2 100 prisonniers politiques.

Paris a évoqué «un signal encourageant», tandis que Londres exigeait que Mme Aung San Suu Kyi puisse enfin rencontrer l'ensemble des cadres de son parti.

En début de semaine, déplorant le manque de liberté d'expression, la figure de proue de l'opposition avait jugé prématuré de décider si la LND participerait au scrutin.

«Les élections à venir n'auront aucune crédibilité sans la libération des responsables politiques de tous les groupes représentatifs», a estimé à cet égard le Foreign Office britannique.

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a salué cette libération, espérant qu'elle «contribuerait à faire avancer un dialogue substantiel entre la LND et le gouvernement (...), une étape nécessaire pour un processus politique plus inclusif et crédible».