Un attentat suicide à la moto piégée a tué au moins 34 personnes lundi au Pakistan, en proie à une vague de violences qui a fait plus de 2400 morts en deux ans, alors que les Nations unies ont annoncé le retrait de leur personnel expatrié du nord-ouest du pays.

L'attaque a frappé un ensemble commercial comprenant un hôtel de luxe, une banque et des magasins à Rawalpindi, la grande ville proche de la capitale du Pakistan. «Un kamikaze à moto s'est fait exploser à proximité d'une file de personnes attendant de recevoir leur paie. Nous avons retrouvé les débris d'une veste bourrée d'explosifs et des fragments de corps du kamikaze», a déclaré à la presse un responsable de la police, Aslam Tarin.

«Trente-quatre personnes ont péri dans l'explosion et 32 ont été blessées», a déclaré à l'AFP une porte-parole des services de secours, Deeba Shehnaz.

Un précédent bilan faisait état de 24 morts.

L'accès au site de l'explosion a été bouclé par les forces de sécurité.

Sur place, le site de l'explosion est recouvert de sang et de fragments de chair humaine, a constaté un journaliste de l'AFP. Les chaussures ensanglantées abandonnées sur les lieux, dont des chaussures de femmes, et la présence de corps mutilés jusqu'à 50 m du lieu de l'explosion témoignaient de sa puissance.

L'explosion s'est produite à proximité de l'hôtel quatre étoiles Shalimar, non loin du quartier général des forces armées pakistanaises, théâtre d'une audacieuse attaque suivie d'une prise d'otages de près de 24 heures par un commando de 10 combattants islamistes le mois dernier.

Vingt-trois personnes avaient péri dans cette attaque, dont trois otages, qui avait profondément embarrassé les autorités en révélant des failles importantes de sécurité.

Située dans la banlieue d'Islamabad, Rawalpindi est une mégalopole qui a déjà été frappée à de nombreuses reprises par des attaques.

Le Pakistan est le théâtre, depuis plus de deux ans, d'une vague d'attentats qui a tué près de 2400 personnes, perpétrés pour l'essentiel par des kamikazes du Mouvement des Talibans du Pakistan (TTP).

Ces attaques ont conduit lundi les Nations unies à retirer leur personnel expatrié du nord-ouest du Pakistan.

«Le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki Moon, a déclaré le passage en phase IV (opérations d'urgence) dans la Province de la frontière du Nord-Ouest et les zones tribales, avec un effet immédiat», a indiqué l'ONU dans un communiqué.

«Cette décision a été prise en raison de la situation sécuritaire dans la région», a-t-il ajouté.

«Les personnes concernées seront immédiatement relocalisées», a ajouté une porte-parole des Nations unies au Pakistan, Ishrat Rizvi, qui n'était toutefois pas en mesure de préciser combien de personnes étaient concernées.

«Nous n'avons pas un grand nombre d'expatriés dans la région», a-t-elle cependant indiqué.

Le 21 octobre, le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies avait fermé les centres de distribution d'aide alimentaire desservant plus de deux millions de personnes dans le nord-ouest du Pakistan, en raison des menaces sur son personnel.

Cinq employés du PAM avaient été tués dans un attentat suicide visant le siège de l'organisation à Islamabad le 5 octobre.

La capitale de la Province de la frontière du Nord-Ouest, Peshawar, a été frappée mercredi par l'explosion d'une voiture piégée qui a fait 134 morts et disparus, le second attentat le plus meurtrier de l'histoire du pays.

Les zones tribales pakistanaises sont devenues progressivement, depuis la chute des talibans en Afghanistan à la fin 2001, un sanctuaire d'Al-Qaeda, le fief des talibans pakistanais et une base arrière de leurs alliés des talibans afghans.