Après un assaut de 22 heures, les forces spéciales pakistanaises ont libéré dimanche 42 otages détenus par des militants islamistes dans le quartier général de l'armée à Rawalpindi, près de la capitale Islamabad. Le bilan complet de l'attaque est d'au moins 19 morts -six soldats, deux membres des forces spéciales, huit assaillants et trois otages-, et plusieurs blessés.

L'attaque contre le quartier général de l'armée avait débuté peu avant midi samedi à Rawalpindi, ville-jumelle de la capitale pakistanaise, lorsqu'un groupe de militants vêtus d'uniformes militaires et armés de fusils d'assaut et de grenades avait tenté de pénétrer dans un bâtiment proche de l'entrée principale du complexe. Une violente fusillade de 45 minutes a alors éclaté, faisant dix morts, quatre assaillants et six militaires, dont deux hauts responsables, un brigadier et un lieutenant-colonel, selon les autorités pakistanaises.

Le général Athar Abbas, porte-parole de l'armée pakistanaise, avait initialement affirmé que la situation était «sous contrôle», mais cinq assaillants ont tout de même réussi à pénétrer à l'intérieur du bâtiment, prenant au total trente otages, dont des soldats et des civils, qui seront au final retenus pendant 18 heures.

Les forces spéciales ont alors donné l'assaut. Trois explosions et des coups de feu ont retenti à l'intérieur du complexe, tandis qu'un hélicoptère se trouvait sur zone. Trois ambulances ont ensuite quitté les lieux, selon un porte-parole de l'armée. Deux heures après le début de l'assaut, deux autres explosions ont retenti.

L'un des ravisseurs se trouvait dans une pièce avec une vingtaine d'otages, une veste chargée d'explosifs sur lui, mais il a été tué avant qu'il ait eu le temps d'appuyer sur le détonateur. Quatre preneurs d'otages ont été tués par les forces spéciales, et le cinquième, qui avait réussi à prendre la fuite, a finalement été arrêté par les commandos.

Blessé après avoir tenté d'activer sa ceinture d'explosifs, il a été présenté par le général Abbas comme «le chef de tout ce groupe». Selon le porte-parole de l'armée pakistanaise, il s'agit d'Aqeel, alias «Dr Usman», un militant suspecté d'avoir orchestré l'attaque qui avait visé l'équipe sri-lankaise de cricket en mars dernier à Lahore, dans l'est du Pakistan.

Un rapport des services secrets, que s'est procuré l'Associated Press, avait mis en garde dès juillet sur le fait que le groupe taliban Jaish-e-Mohammed avait prévu de se déguiser en soldats et d'attaquer des quartiers généraux de l'armée pakistanaise. Le groupe de militants islamistes est basée dans la province du Punjab.

À Londres, la secrétaire d'État Hillary Rodham Clinton et le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband ont souligné, leur d'une conférence de presse conjointe, que le Pakistan était sous la menace terroriste, mais que l'État pakistanais et son arsenal nucléaire ne basculeraient pas aux mains des extrémistes.

Les terroristes «menacent de plus en plus l'autorité de l'État, mais rien ne prouve qu'ils soient en voie d'en prendre le contrôle», a déclaré Mme Clinton. Le Pakistan est sous le coup d'une «menace mortelle» mais son arsenal nucléaire n'est pas en danger, a de son côté estimé M. Miliband.

Aucun groupe n'a revendiqué cette attaque mais les autorités se disent certaines qu'il s'agit de talibans pakistanais ou d'un groupe islamiste en lien avec les talibans.

C'est la troisième opération majeure menée par les insurgés islamistes au Pakistan en une semaine, au moment où le gouvernement pakistanais se prépare à une offensive imminente contre les fiefs talibans le long de la frontière afghane, dans le Sud-Waziristan. Le ministre de l'Intérieur Rehman Malik a affirmé que cette offensive était maintenant «inévitable».

L'attaque du quartier général de l'armée intervient alors qu'un attentat a fait 49 morts vendredi à Peshawar, dans le nord-ouest de l'Afghanistan.