Le futur premier ministre japonais Yukio Hatoyama a déclaré vendredi qu'il voulait muscler la diplomatie du Japon accusée d'être trop «faible» dans les réunions multilatérales.

Lors d'une conférence à Tokyo, le président du Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche), grand vainqueur des récentes élections législatives, a ajouté que son futur gouvernement souhaitait coopérer avec les hauts fonctionnaires et le secteur privé afin de remodeler la politique étrangère de la deuxième économie du monde.

«On a dit que la diplomatie japonaise était vraiment faible dans les discussions multilatérales», a-t-il dit. «Nous ne devons pas avoir cette réputation pendant le mandat du PDJ».

«Nous voulons oeuvrer dans l'intérêt national du Japon et contribuer à la prospérité mondiale, à travers une coopération entre politiciens, hauts fonctionnaires et secteur privé», a-t-il ajouté.

Le Japon est souvent présenté comme un géant économique, mais un nain diplomatique, notamment parce qu'il a depuis un demi-siècle aligné ses positions sur celles des États-Unis, l'ex-ennemi devenu son plus proche allié.

Avec le départ du Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite) et l'arrivée au pouvoir de M. Hatoyama, qui sera élu premier ministre le 16 septembre au Parlement, les choses pourraient changer.

Le futur chef de gouvernement s'est prononcé pour un rééquilibrage de la politique étrangère japonaise, moins dépendante de Washington et davantage tournée vers l'Asie.

M. Hatoyama, 62 ans, souhaite que le Japon retrouve sa place dans le monde et réclame des relations «d'égal à égal» avec les États-Unis. Sans remettre en cause l'alliance de coopération et de sécurité nippo-américaine, qui aura 50 ans l'an prochain, il plaide pour une réduction à terme du nombre de bases où sont stationnés quelque 47000 soldats américains, une présence qui coûte chaque année plusieurs milliards de dollars au Japon.

Vendredi, le futur premier ministre a reçu les ambassadeurs de Chine et de Corée du Sud, après s'être entretenu la veille avec les ambassadeurs américain et russe.

Interrogé sur les orientations de la nouvelle diplomatie japonaise, Katsuya Okada, numéro deux du PDJ, a jugé «ridicule de dire qu'il faut choisir entre les relations nippo-chinoises ou les relations nippo-américaines». «Les deux sont très importantes», a-t-il dit.

«Les relations avec la Chine sont très importantes à la fois pour des raisons politiques et économiques. Nous allons faire des efforts pour renforcer davantage les liens à l'occasion du changement de gouvernement», a poursuivi M. Okada, dont le nom circule dans les médias comme candidat sérieux pour le poste de ministre des Affaires étrangères.

À propos de la Corée du Nord, il a affirmé que le nouveau gouvernement maintiendra une politique de fermeté. «Nous répondrons avec des sanctions sévères» contre les activités nucléaires et les tirs de missiles de Pyongyang, a-t-il dit.

Dans une lettre adressée vendredi au Conseil de Sécurité de l'ONU, le régime communiste a annoncé que son programme d'enrichissement d'uranium avait atteint sa phase finale et qu'il allait fabriquer davantage de bombes nucléaires.

«Il est important de faire savoir aux Nord-Coréens -en maintenant les sanctions- qu'il n'ont rien à gagner en adoptant une telle attitude», a souligné M. Okada.