Les unités anti-émeutes de la police birmane ont été à nouveau déployées autour de la prison d'Insein de Rangoon, la plus grande ville du pays, où le procès de l'opposante à la junte Aung San Suu Kyi a repris vendredi, a-t-on appris auprès d'un responsable birman qui a requis l'anonymat.

À l'issue de cette audience, qui a duré près de sept heures, la cour a fixé au 24 juillet prochain les derniers débats du procès, indiquait-on de même source, en ajoutant que le verdict n'est toutefois pas à attendre à cette date.La lauréate du prix Nobel de la paix, qui a récemment fêté son 64 anniversaire, est détenue sous l'accusation d'avoir violé les conditions de son assignation à résidence en recevant chez elle un ressortissant américain, qui s'est introduit à son domicile après avoir traversé à la nage le lac Inya bordant sa maison.

L'opposante, qui a déjà passé plus de 13 des 19 dernières années en résidence surveillée, risque cinq ans d'emprisonnement si elle reconnue coupable.

Au cours de l'audience de vendredi, Khin Moe Moe, un avocat et membre de la Ligue nationale pour la démocratie (LND), le parti co-fondé par l'opposante, a été entendu en tant que témoin de la défense.

Le 29 juin dernier, la plus haute cour de Birmanie avait rejeté l'appel déposé par les avocats de Suu Kyi qui demandaient d'autoriser l'audition de deux témoins clefs de la défense à son procès. La Haute Cour confirmait ainsi la décision d'une juridiction inférieure d'interdire l'audition de ces témoins dans le procès de Suu Kyi.

Jusqu'ici le tribunal, devant lequel se déroule son procès à la prison d'Insein, n'a autorisé qu'un seul des quatre témoins de la défense à venir à la barre. Après un appel interjeté par les avocats de l'opposante, la cour territoriale de Rangoon a estimé qu'un deuxième témoin pouvait être entendu.

Les conseils d'Aung San Suu Kyi avaient fait une nouvelle fois appel afin de pouvoir citer Tin Oo, un autre témoin dé la défense.

L'accusation avait affirmé que Tin Oo, le dirigeant adjoint de la LND, ne pouvait pas être cité car il est actuellement assigné à résidence.

De leur côté, les avocats de la défense ont fait valoir devant la cour qu'Aung San Suu Kyi était elle-même assignée à résidence, mais que cette situation n'avait en rien empêché la tenue de son procès. L'opposante avait été autorisée à témoigner le 26 mai et son placement en résidence surveillée a officiellement pris fin le jour suivant.

La reprise de ce procès survient une semaine après que le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a vainement tenté d'obtenir de la junte qu'il puisse rencontrer l'opposante, en prison au moins jusqu'à la fin de son procès.

Le 4 juillet dernier, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon s'était déclaré «profondément déçu» après que la junte birmane a une nouvelle fois refusé samedi de le laisser rencontrer Aung San Suu Kyi. M. Ban avait essuyé ce nouveau refus lors d'une deuxième entrevue avec le général Than Shew, chef de la junte militaire.

L'opposition accuse la junte d'avoir monté l'affaire pour garder Mme Suu Kyi derrière des barreaux pendant les élections prévues pour 2010 dans le cadre de la très contestée «feuille de route pour la démocratie» qui devrait surtout permettre à l'armée de consolider son pouvoir.