Les autorités pakistanaises s'attendent à voir jusqu'à 500 000 personnes fuir les combats entre talibans et forces gouvernementales dans la vallée de Swat, a déclaré mardi le ministre de l'Information pour le nord-est du Pakistan, Mian Iftikhar Hussain.

Selon des témoins et responsables locaux, des centaines d'habitants ont déjà fui les combats, s'ajoutant aux centaines de milliers de réfugiés chassés depuis 2008 par les affrontements dans d'autres régions du nord-ouest entre soldats et insurrection islamiste.

Les autorités pakistanaises ont ordonné mardi l'évacuation des habitants de la localité de Mingora situé dans la vallée de Swat, contrôlée par les talibans dans le nord-est du pays. Après deux ans de violents combats, le Pakistan accepté en février une trève dans la vallée de Swat et les environs. Le gouvernement a mis en place la charia (loi islamique) dans la vallée, espérant que cela inciterait les talibans à déposer les armes, ce qui n'a pas été le cas.

La semaine dernière, les insurgés ont gagné du terrain, progressant jusqu'à Buner, à seulement 100 km de la capitale Islamabad, suscitant l'alarme au Pakistan et à l'étranger. L'armée a répondu par une offensive qui a fait plus de 100 morts dans les rangs talibans, selon un bilan officiel.

D'après l'administrateur de la vallée de Swat, Khushal Khan, les combattants talibans minaient les environs. À Mingora, selon un témoin, les insurgés étaient déployés dans la plupart des rues et sur les bâtiments en hauteur, tandis que les forces de sécurité se barricadaient dans leurs bases et casernes.

Un autre témoin, qui a également requis l'anonymat pour sa sécurité, a fait état de tirs nourris pendant une grande partie de la journée. Muslim Khan, un porte-parole des talibans, a assuré que les insurgés contrôlaient «90%» de la vallée.

D'après Kushal Khan, les autorités ont levé le couvre-feu pour permettre à la population de quitter Mingora, et un camp a été installé dans la localité voisine de Dargai pour accueillir les personnes déplacées. Des centaines d'habitants de Mingora quittaient la ville, a constaté un reporter d'Associated Press.

«On part pour sauver nos vies», expliquait Sayed Iqbal, un commerçant de 35 ans en chargeant la plate-forme d'un camion sur lesquels se trouvaient déjà ses parents âgés, sa femme et deux enfants. «Le gouvernement a annoncé que les gens devaient quitter la région. Qu'est ce qu'il reste à dire».

Le renforcement des talibans au Pakistan incite les observateurs à s'interroger sur les risques de voir tomber les armes nucléaires du pays entre les mains des extrémistes musulmans. Les autorités d'Islamabad se veulent rassurantes, mais peinent à apaiser les inquiétudes de Washington.

Le président pakistanais Asif Ali Zardari rencontrera Barack Obama mercredi à Washington, et le dossier de la sécurité nucléaire pakistanaise devrait être évoqué dans le cadre de discussions sur l'insurrection talibane au Pakistan. M. Zardari a récemment affirmé que «les capacités nucléaires du Pakistan sont entre des mains sûres».