La Corée-du-Nord s'apprêterait à tester un missile à longue portée capable d'atteindre l'Alaska et le nord-ouest du Canada. Des satellites ont observé le transfert en train de conteneurs cylindriques anormaux vers une rampe de lancement de l'est du pays.

Cette nouvelle, rapportée par des médias sud-coréens et japonais, survient alors que les deux Corées sont sur le pied de guerre.

 

Depuis l'an dernier, la Corée- du-Sud est dirigée par un président conservateur qui a critiqué les politiques d'apaisement de ses prédécesseurs à l'égard du Nord.

En représailles, la Corée-du-Nord a, depuis deux mois, coupé les ponts, expulsant les Sud-Coréens et bloquant les quelques points de passage entre les deux pays. De plus les commissions militaires bilatérales permettant d'éviter les escarmouches frontalières, qui étaient fréquentes jusqu'au début du millénaire, ont été suspendues.

«Le missile à longue portée avait été testé en 2005, mais l'essai avait fait long feu», explique Hans Kristensen, spécialiste des questions nucléaires à la Fédération des scientifiques américains. «Il est plausible que la Corée-du-Nord prévoie un nouvel essai, d'autant plus qu'un test de moteur a été rapporté voilà deux mois. Mais sans pouvoir voir les fameuses photos satellites, il est extrêmement difficile de savoir si l'information est réelle ou fait partie d'une tentative d'intoxication de la part des services secrets américains, japonais, sud-coréens ou même nord-coréens.»

Un test pour Obama

Des experts ont avancé que la Corée-du-Nord, qui est en train de bâtir une seconde base de lancement de missiles à longue portée sur sa côte Ouest, veut augmenter la tension pour améliorer sa position de négociation dans la perspective de pourparlers avec le nouveau président américain.

D'autres proposent que Pyongyang craint que le président Obama n'ait trop à faire sur le front intérieur et laisse traîner les choses sur la péninsule coréenne.

Au contraire, des optimistes misent sur des négociations rapides, peut-être avec l'envoi de Madeleine Albright, l'ex-secrétaire d'État qui avait été à Pyongyang fin 2000. Cela, parce que la Corée-du-Nord offre de bien meilleures chances de succès à court terme que d'autres dossiers, comme la crise financière, l'Irak, l'Iran ou l'Afghanistan.

John Delury, de l'Asia Society à Washington, affirme que les conservateurs sud-coréens sont davantage pro-américains qu'anti-Corée-du-Nord, ce qui signifie que M. Obama pourrait facilement les convaincre de participer à de nouvelles négociations de paix.

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Trois milliards d'aide américaine

Depuis 1995, les États-Unis ont fourni 1,3 milliard US d'aide humanitaire à la Corée-du-Nord, pour l'essentiel des denrées alimentaires et du pétrole servant à faire fonctionner les usines de production d'électricité. Un récent rapport du Congrès américain souligne que l'aide alimentaire était jusqu'à tout récemment sévèrement réglementée par les autorités nord-coréennes: jusqu'en 2008, le Programme alimentaire mondial ne pouvait envoyer sur le terrain de personnel parlant coréen, pour éviter la «contagion idéologique».