Près de 200 boat people birmans extrêmement affaiblis ont été secourus par des pêcheurs au large de l'Indonésie après avoir dérivé trois semaines en mer à bord d'un petit navire sans moteur, a indiqué mardi un responsable maritime indonésien.

Ces 198 rescapés, découverts lundi après-midi, ont affirmé que des soldats thaïlandais leur avaient refusé l'accès à leur pays, les avaient battus avant de les repousser à la mer après leur fuite de Birmanie à la fin 2008, a déclaré à l'AFP Tedi Sutardi, un responsable de la marine indonésienne.

Une vingtaine de boat people seraient morts au cours des trois semaines d'errance «à bord d'une embarcation de 12 m de long en très mauvais état» avant leur sauvetage au large de la province d'Aceh, au nord de l'île de Sumatra, selon lui.

Ces boat-people sont des membres de l'ethnie Rohingya, une minorité musulmane confinée dans l'ouest de la Birmanie, près du Bangladesh, qui se dit persécutée par la junte birmane.

Environ 650 d'entre eux ont été recueillis ces dernières semaines au large de l'Indonésie et de l'Inde. Mais des centaines d'autres sont portés disparus après avoir été renvoyés des côtes thaïlandaises, selon des témoignages de survivants.

Rahmat, 43 ans, l'un des 198 rescapés, a raconté à l'AFP que les Thaïlandais avaient «donné un kilo de riz et une bouteille d'eau par personne». «Je mangeais un jour et jeûnais le lendemain mais j'ai fini mon riz au bout de 15 jours, ma bouteille après une semaine (...) Presque chaque jour, quelqu'un mourait parce qu'il n'y avait ni eau ni nourriture», a-t-il témoigné sur son lit d'hôpital. Comme le bateau était bien trop petit, «nous dormions, restions debout et assis à tour de rôle».

Les réfugiés ont expliqué «avoir fui la Birmanie «parce qu'ils étaient torturés s'ils ne se convertissaient pas au bouddhisme», selon M. Sutardi.

La Thaïlande a démenti les accusations de mauvais traitements tandis qu'un haut responsable birman a affirmé que les boat people étaient originaires du Bangladesh. De son côté, l'Indonésie a décidé de renvoyer dans leur pays un groupe de 174 Rohingya recueillis début janvier, estimant qu'il s'agissait de «migrants économiques» et non de réfugiés politiques.

«L'Indonésie ne doit pas nous renvoyer car nous serions emprisonnés pour 10 ou 20 ans», a affirmé Rahmat.