Des centaines de milliers de Pakistanais sont attendus samedi autour de la tombe de leur bien aimée ancienne premier ministre Benazir Bhutto, un an jour pour jour après son assassinat dans un attentat suicide qui a plongé le pays dans une violente crise politique.

Un jour férié a été décrété pour permettre aux quelque 160 millions de Pakistanais de rendre hommage à celle qui fut la première femme des temps modernes à gouverner un pays musulman, et dont la mort a eu un retentissement mondial. Le 27 décembre 2007, Benazir Bhutto, 54 ans, formée à l'université d'Oxford (Royaume-Uni), était en campagne à Rawalpindi, ville jumelle de la capitale Islamabad, pour reconquérir le pouvoir, deux mois après son retour d'exil.

Elle fut tuée avec une vingtaine d'autres personnes dans un attentat suicide doublé d'une attaque à l'arme légère.

Cette attaque plongea le seul pays musulman doté de l'arme nucléaire dans un long tunnel de chaos politique et de violence d'où il est en partie sorti en septembre avec l'arrivée au pouvoir du veuf de Mme Bhutto, Asif Ali Zardari.

«Elle portait sur ses épaules le rêve du peuple, celui d'un Pakistan prospère, uni et en paix», a estimé ce dernier dans un message lu le week-end dernier à Londres aux membres de leur parti, le Parti du peuple pakistanais (PPP).

«Les dictateurs et assassins l'ont peut-être fait disparaître physiquement, mais ils ne réussiront jamais à effacer ses pensées et sa mémoire, désormais profondément gravés dans le coeur des Pakistanais», a-t-il ajouté.

Samedi, des milliers de policiers seront déployés pour protéger M. Zardari et ses enfants lorsqu'ils guideront la foule en pleurs sur la tombe de leur femme et mère à Garhi Khuda Bakhsh, une bourgade reculée du sud pakistanais rural.

D'autres commémorations sont prévues à travers tout le pays.

«Des centaines de milliers de personnes vont venir rendre hommage à leur leader bien aimée», a annoncé à l'AFP Shafqat Soomro, un responsable local du PPP chargé d'organiser les cérémonies prévues autour de la tombe.

«Certains viennent à pied. Ils vont commencer à arriver mercredi soir», a-t-il ajouté, précisant que plus de 7.000 policiers seraient mobilisés dans les environs.

Un mur de sécurité spécial et quelque 40 miradors ont été érigés autour du mausolée où repose Mme Bhutto, pour protéger M. Zardari et les siens.

La ministre de l'Intérieur de la province méridionale du Sindh, Zulfiqar Mirza, a prévenu de l'éventualité de violences liées à ces commémorations.

Le porte-parole provincial, Waqar Mehdi, s'est lui voulu plus rassurant, assurant que les autorités avaient pris les précautions nécessaires. «Nous sommes conscients de la gravité de la situation et nous prenons donc toutes les mesures possibles pour éviter une attaque terroriste lors de l'anniversaire de la mort de notre leader, qui en a elle-même été victime», a-t-il ajouté.

Plus de 50 attentats suicide ont ensanglanté le Pakistan cette année, dont un, énorme, a dévasté une partie de l'hôtel Marriott, un palace de la capitale Islamabad, faisant au moins 60 morts et plus de 260 blessés.

Asif Ali M. Zardari s'est imposé de manière spectaculaire à la tête du pays en septembre dernier après avoir forcé le chef militaire Pervez Musharraf à la démission. Mais il semble depuis avoir perdu la confiance de ses compatriotes, effrayés par la poursuite des violence attribuées aux rebelles talibans, la hausse des prix et la perspective de nouveaux affrontements politiques.

La vénération de la population pour sa femme, elle, ne faiblit pas, et son portrait ornera les nouvelles pièces de 10 roupies.