Les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) ont jugé jeudi non démocratique la présidentielle en Azerbaïdjan remportée par le chef de l'Etat sortant Ilham Aliev avec près de 90% des voix, l'opposition rejetant ces résultats.

Le scrutin «n'a pas reflété les principes d'une élection véritablement pluraliste et démocratique», ont noté les quelque 400 membres de la mission d'observation de l'élection dans un communiqué.La mission a ainsi noté «l'absence d'une véritable compétition» électorale, M. Aliev, réélu mercredi avec 88,67% des voix, ayant été opposé à six candidats plus ou moins loyaux au régime, alors que les principaux mouvements d'opposition boycottaient le scrutin.

Iqbal Agazade, arrivé en deuxième position, n'a rassemblé que 2,78% des électeurs.

Les observateurs ont cependant constaté des «progrès considérables» par rapport aux élections précédentes, et regretté que les opposants aient refusé de participer au vote.

Réagissant aux conclusions de l'OSCE, un conseiller d'Ilham Aliev, Ali Hasanov, a défendu l'élection.

«L'opposition savait qu'Aliev gagnerait cette élection avec la majorité, c'est pourquoi elle n'a pas participé au processus électoral», a-t-il déclaré à la presse.

«Si l'opposition veut être légitime, ils doivent participer aux élections», a-t-il ajouté.

Les principales forces de l'opposition azerbaïdjanaise ont rejeté le résultat du scrutin, après avoir refusé d'y participer pour protester contre la persécution dont elles se disent victimes et la falsification des élections précédentes.

«Nous ne reconnaissons pas la légitimité de cette élection et de ce gouvernement», a déclaré Ali Keremli, le chef du parti du Front populaire.

«Rien d'inattendu n'est arrivé, tout le monde savait qui allait gagner cette élection», a estimé Isa Gambar, leader du parti Musavat.

Les formations de l'opposition ont par ailleurs indiqué que les autorités azerbaïdjanaises avaient rejeté leur demande de manifester samedi contre les résultats. Les scrutins précédents avaient été marqués par des violences entre opposants et forces de l'ordre.

Ilham Aliev, 46 ans, avait été élu la première fois en 2003 avec près de 77% des voix, succédant à son père Heydar, décédé cette année-là. Ce dernier, un responsable du KGB et du parti communiste soviétique, avait dirigé l'Azerbaïdjan entre 1993 et 2003.

Le premier mandat de cinq ans d'Ilham Aliev a été marqué par une croissance économique record (26,4% en 2007) grâce à une gigantesque manne pétrolière. L'Azerbaïdjan a aussi été récemment salué par des institutions internationales comme l'économie se réformant le plus rapidement au monde.

Mais la corruption noircit le tableau. Transparency International a classé Bakou en 2008 à la 158e place sur 180 pays dans un classement allant du moins corrompu au plus corrompu.

Du fait de ses vastes ressources en hydrocarbures, l'Azerbaïdjan est courtisé aussi bien par Moscou que par Washington qui veulent disposer d'un accès aux vastes réserves énergétiques de la mer Caspienne.

Les Américains ont multiplié récemment les gestes de soutien à Ilham Aliev avec une série de visites de hauts responsables, dont le vice-président Dick Cheney en septembre.

Le président russe, Dmitri Medvedev, a adressé «ses sincères félicitations» à son homologue azerbaïdjanais, tandis que le Premier ministre Vladimir Poutine se réjouissait «de la victoire convaincante» de M. Aliev.

Le défi le plus important de M. Aliev aura trait au conflit gelé du Nagorny Karabakh, province séparatiste peuplée majoritairement d'Arméniens et contrôlée par Erevan, principal allié de Moscou dans le Caucase.

M. Aliev a promis de renforcer l'isolement de l'Arménie tant qu'elle ne renoncera pas à l'«occupation» du Karabakh.