Le gouvernement chinois a insisté mercredi sur son souci de la communication dans le scandale du lait frelaté, mais s'est refusé à fournir un nouveau bilan des victimes de la mélamine, faisant patienter l'Organisation mondiale de la santé qui réclamait le partage des informations.

Pékin a par ailleurs édicté pour la première fois mercredi des normes de mélamine tolérée dans les produits alimentaires, assez conformes avec les mesures récemment annoncées par l'Union européenne.

«Depuis qu'a été révélée l'affaire du lait pour bébés de Sanlu, le ministère de la Santé a par quatre fois publié un bilan des enfants affectés par le lait» contaminé par cette substance chimique toxique, a déclaré un porte-parole du ministère, lors d'une conférence de presse.

Toutefois, «je n'ai pas été autorisé aujourd'hui à annoncer le nombre des enfants malades», a ajouté Deng Haihua, en affirmant que le nouveau chiffre serait communiqué «au moment approprié».

Le bilan des victimes du lait toxique n'a pas été actualisé depuis le 22 septembre. Il faisait alors état de 53.000 malades et quatre bébés décédés.

Dans un communiqué le même jour, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a de son côté mis l'accent sur l'importance de la communication en cas de crise: «lorsque l'on traite de problèmes de santé publique, le partage rapide des informations est important», a souligné l'OMS.

«La Chine continue de gérer de façon appropriée et rapide le problème de ces enfants et de la sécurité alimentaire. Nous souhaiterions qu'elle finisse par publier en temps voulu les chiffres» relatifs à cette crise, a ajouté l'OMS.

Joint par l'AFP, Hans Troedsson, le représentant de l'OMS en Chine, qui a des contacts suivis avec les responsables sanitaires, a indiqué «ne pas comprendre pour quelle raison les autorités chinoises ne partageraient pas cette information» mais a précisé ne pas avoir discuté de la question avec elles.

«Nous allons bien sûr demander les chiffres (des victimes) et s'ils ne veulent pas les publier, nous leur demanderons aussi pourquoi. Mais nous respecterons ce choix, s'il est justifié», a ajouté le responsable.

M. Troedsoon a émis l'hypothèse que les Chinois puissent notamment souhaiter vérifier leur dernier bilan.

Par ailleurs, la Chine a officiellement fixé mercredi les taux maximum de mélamine tolérés dans ses produits alimentaires, dans des seuils équivalents à ceux adoptés récemment et dans l'urgence par l'Union européenne.

La substance chimique utilisée dans l'industrie reste interdite comme adjuvant, mais en raison de sa présence dans l'environnement ou certains emballages, des traces sont toujours possibles dans les aliments, a expliqué à la presse Wang Xuening, responsable adjoint du département de l'hygiène au ministère de la Santé.

Les produits laitiers destinés aux enfants ne pourront contenir plus de 1 milligramme/kg de la substance chimique, le taux maximum pour le reste de la gamme laitière ou tout produit contenant plus de 15% de lait a été fixé à 2,5 milligrammes par kilo, a-t-il annoncé.

Selon l'OMS, l'UE, Hong Kong et la Nouvelle-Zélande ont fixé récemment «à titre transitoire» des normes similaires pour pallier l'absence de normes internationales.

La crise du lait chinois trafiqué à la mélamine a éclaté le 11 septembre, et le scandale est arrivé par le lait en poudre pour bébé de l'entreprise Sanlu, qui s'est révélé contenir des taux de mélamine allant jusqu'à 2.563 mg par kg.

Selon un expert contacté mercredi par l'AFP, il semble que Sanlu ait eu des exigences particulièrement élevées en matière de contenu en protéine de son lait. Ceci aurait poussé les fraudeurs à forcer les doses de mélamine, qui «mime» la présence de protéines, une fois le lait coupé.