Le Pakistan a nommé un nouveau chef à la tête du plus puissant de ses services secrets, le fameux Inter-Services Intelligence (ISI), dont le rôle de premier plan dans le combat contre Al-Qaïda et les talibans est fortement critiqué notamment par les Etats-Unis.

Le général Ahmed Shujaa Pasha a été nommé lundi directeur général de l'ISI à la place du général Nadeem Taj, qui dirigeait ces services depuis moins d'un an seulement, a annoncé l'armée mardi dans un communiqué.

Ahmed Shujaa Pasha était auparavant directeur des opérations militaires de l'armée, dont dépend l'ISI. Ce changement intervient en même temps que 13 autres nominations de généraux. «Ce sont des mouvements de routine», a assuré à l'AFP le porte-parole de l'armée, le général Athar Abbas.

Le général Pasha est considéré comme un proche du général Ashfaq Kayani, qui a lui-même succédé il y a un an comme chef d'état-major des armées à l'ancien président Pervez Musharraf, dont le camp a été défait en février dernier lors de législatives.

L'ex-chef de l'Etat, dont le général Taj était un fidèle, a été contraint à la démission de la présidence en août, neuf ans après son putsch militaire. Asif Ali Zardari, le veuf de l'ex-Premier ministre et leader de l'opposition Benazir Bhutto, assassinée le 27 décembre dernier dans un attentat suicide, lui a succédé à la présidence de la seule puissance nucléaire militaire du monde musulman.

En juillet, le gouvernement de coalition avait déjà tenté de ramener l'ISI dans le giron du ministère de l'Intérieur, en vain.

Selon les experts, théoriquement, l'ISI est subordonnée aux services du Premier ministre, mais en pratique, c'est un véritable «Etat dans l'Etat», sous la houlette de l'armée, qui a dirigé directement le pays pendant plus de la moitié de ses 60 ans d'existence, et indirectement le reste du temps, sous des gouvernement civils cornaqués par les généraux.

L'ISI est régulièrement accusé par l'Afghanistan et l'Inde, mais aussi Washington, dont Islamabad est l'allié-clé dans sa «guerre contre le terrorisme», de soutenir les talibans afghans réfugiés dans les zones tribales du nord-ouest pakistanais, et qui mènent, aux côtés d'Al-Qaïda, des incursions en Afghanistan voisin contre les forces internationales, essentiellement américaines.