Un enfant a été tué et 18 personnes ont été blessées samedi par un attentat à la bombe sur un marché bondé du sud de New Delhi, deux semaines après des attentats islamistes dans la capitale indienne.

Cette nouvelle attaque n'a pas été revendiquée, mais toute l'Inde est le théâtre depuis novembre 2007 d'une vague d'attentats perpétrés par un groupe islamiste local, les Moudjahidine indiens, qui ont fait au total quelque 150 morts, dont 24 tués le 13 septembre au soir dans des quartiers touristiques et commerçants de New Delhi.

Cette fois, l'explosion est survenue devant un magasin d'électronique du marché de Mehrauli, dans le sud de cette mégalopole de 14 millions d'âmes, en début d'après-midi lorsque les commerces étaient pleins à craquer à l'approche de fêtes musulmanes et hindoues.

Dans les ruelles de Mehrauli, «deux hommes casqués et vêtus de jeans et de T-shirts noirs sont arrivés sur une motocyclette et ont jeté un sac contenant une bombe», a expliqué aux journalistes le commissaire adjoint de la police municipale, H.S. Dhaliwal.

«Un garçonnet âgé de 10 ans a voulu leur rendre le sac, mais les motocyclistes se sont enfuis et le paquet a explosé, tuant l'enfant sur le coup», a-t-il dit, ajoutant que « 18 personnes étaient blessées, dont trois grièvement».

Un commerçant a raconté à une journaliste de l'AFP avoir «entendu une forte déflagration à l'heure du déjeuner». Puis, «il y a eu de la fumée partout et des gens allongés au sol», se rappelle-t-il. «J'ai relevé trois personnes, mais il y en avait dix autres blessées à terre», a témoigné un passant, Basant Kumar.

Le quartier a été bouclé par les forces de l'ordre qui se sont lancées à la poursuite des deux motards.

Depuis les attentats de New Delhi il y a exactement deux semaines, les autorités ont annoncé avoir tué deux dirigeants de l'organisation locale des Moudjahidine indiens et en ont interpellé onze autres à New Delhi et à Bombay (ouest).

L'Inde et son 1,1 milliard d'habitants, dont 80% d'hindous et 14% de musulmans, s'apprêtent à célébrer l'Aïd al-Fitr, la fête musulmane marquant la fin du mois de jeûne de ramadan et Diwali, la fête hindoue des lumières en octobre, qui marque la nouvelle année.

Confrontée en moyenne tous les trois mois à des attentats, la police indienne continue de montrer du doigt des organisations islamistes basées au Pakistan ou au Bangladesh.

Mais les autorités reconnaissent aussi que l'Inde est maintenant la cible de «terroristes islamistes» indiens.

Outre les attentats de New Delhi le 13 septembre, ces mystérieux Moudjahidine indiens avaient déjà revendiqué seize attaques à la bombe commises en juillet à Ahmedabad, grande ville de l'Etat du Gujarat (ouest), celles en mai à Jaïpur (Etat touristique du Rajasthan, nord-ouest) et des attentats coordonnés en novembre 2007 dans trois villes de l'Uttar Pradesh (nord).

Tous ces carnages attisent une polémique en Inde sur les carences de la politique antiterroriste de la dixième puissance économique mondiale, forte de ses dizaines de millions d'Indiens des classes moyennes.

Certes, la sécurité est draconienne dans les aéroports. Mais la presse se gausse de la faiblesse des équipements (télé-surveillance, détecteurs de métaux...) dans les gares, hôtels, restaurants, magasins et lieux de culte.

Le gouvernement a bien promis 7.000 policiers supplémentaires et des caméras de surveillance, tout en reconnaissant que ses services de renseignement n'étaient pas à la hauteur d'une menace «terroriste» urbaine incarnée dorénavant par des islamistes indiens.