(Washington) Les États-Unis et le Japon ont affiché mercredi leur « alignement stratégique » en matière de défense qui s’étend jusque dans l’espace, face aux inquiétudes croissantes vis-à-vis de la Chine et des tensions autour de Taïwan et la Corée du Nord.

« Nous sommes d’accord pour dire que la Chine pose le défi stratégique le plus important » aux deux pays, a affirmé le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, à l’issue d’une réunion à Washington avec son homologue japonais Yoshimasa Hayashi, ainsi que les chefs de la défense américain et nippon.

S’exprimant lors d’une conférence de presse commune, M. Blinken a assuré que les États-Unis « accueillaient chaudement » la nouvelle posture de défense japonaise et précisé que l’accord de sécurité et de défense entre les deux pays s’appliquait également à l’espace.

Tout incident dans l’espace pourrait activer l’article 5 du traité de défense entre les deux pays qui stipule qu’une attaque contre l’un est une attaque contre l’autre, a-t-il dit.

De son côté, le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, a annoncé le déploiement d’ici 2025 d’une force de réaction rapide des Marines dans l’île japonaise d’Okinawa pour renforcer la défense du Japon qui s’inquiète de plus en plus des activités de la Chine dans la région.  

« Nous allons remplacer un régiment d’artillerie par cette force qui sera plus létale et plus mobile », a déclaré M. Austin lors de cette conférence de presse.

Il a estimé que cette force « contribuera d’une façon majeure à améliorer la défense du Japon et à promouvoir une région Indo-Pacifique libre et ouverte », l’expression communément utilisée aux États-Unis pour désigner l’Asie-Pacifique sans domination chinoise.

Plus de la moitié des quelque 50 000 soldats américains présents dans l’archipel sont stationnés sur l’île d’Okinawa.

À Pékin, le ministère chinois des Affaires étrangères a lancé jeudi une mise en garde.

« En menant une coopération militaire bilatérale, les États-Unis et le Japon doivent veiller à ce qu’elle ne nuise pas aux intérêts d’une tierce partie ou à la paix et à la stabilité régionales », a déclaré Wang Wenbin, un porte-parole du ministère, lors d’un point de presse régulier.

« Alliance modernisée »

La réunion de mercredi intervient avant celle vendredi entre le président Joe Biden et le premier ministre japonais Fumio Kishida, qui effectue une tournée en Europe et en Amérique du Nord.

M. Kishida, dont le pays assure la présidence du G7 en 2023, s’est rendu en France et en Italie, et se trouvait mercredi en Grande-Bretagne où il a signé un « accord d’accès réciproque » rapprochant leurs forces armées. Il doit aussi aller jeudi au Canada.

A Washington, les secrétaires se sont félicités de cette « alliance modernisée » face à une nouvelle ère « de compétition stratégique avec la Chine », selon le chef de la diplomatie japonaise.

Le Japon a approuvé en décembre une révision majeure de sa doctrine de défense, qui prévoit notamment une hausse colossale de ses dépenses militaires sur cinq ans, ainsi que le renforcement de sa capacité de « riposte » y compris en visant des sites de lancement de missiles en cas d’attaque.

Il s’agit d’un tournant crucial pour le pays, dont la constitution pacifiste, adoptée au lendemain de sa défaite à la fin de la Seconde Guerre mondiale, lui interdit en principe de se doter d’une véritable armée.

La question de Taïwan et la dénucléarisation de la Corée du Nord ont également été au centre des entretiens, ont indiqué les responsables.

« Je ne vais pas jouer aux suppositions avec Monsieur Xi (le président chinois) mais je peux vous dire que ce que nous observons depuis quelque temps c’est un comportement très provocateur de la part des forces chinoises », a déclaré M. Austin, tout en émettant de « sérieux doutes » sur une attaque imminente visant Taïwan.