(Pékin) Ce sera son grand retour sur la scène internationale : le président chinois Xi Jinping, qui vient de s’assurer un troisième mandat historique, doit assister la semaine prochaine à un sommet crucial du G20 à Bali.

La Chine réapparaîtra après à peine moins de trois ans d’isolement qu’elle s’est imposé pour faire face à la pandémie, au cours desquels l’essentiel de la diplomatie s’est déroulée par vidéoconférence.

Pékin entend désormais consolider ses alliances mondiales, notamment avec les pays en développement, face à la concurrence des États-Unis.

Les nombreuses visites d’État effectuées en Chine au cours de la semaine écoulée ont souligné l’importance du maintien des liens commerciaux et diplomatiques.

Le chancelier allemand Olaf Scholz s’est rendu à Pékin vendredi avec une délégation d’hommes d’affaires, s’engageant à approfondir la coopération commerciale avec Pékin tout en soulevant des questions litigieuses telles que la guerre en Ukraine.  

Avant lui, des dirigeants du Pakistan, de Tanzanie et du Parti communiste vietnamien ont fait le voyage.

Et le ministère français des Affaires étrangères a annoncé la semaine dernière que le président Emmanuel Macron se rendrait probablement également en Chine dans les mois à venir.

Xi « confiant »

Le sommet du G20 sera l’occasion pour M. Xi de se joindre à des dirigeants du monde entier, dont le président américain Joe Biden ou la haute responsable de l’Union européenne Ursula von der Leyen.  

Le président russe Vladimir Poutine a quant à lui fait savoir qu’il ne s’y rendrait pas.

La présence de Xi Jinping n’a pas encore été confirmée par le ministère chinois des Affaires étrangères, qui n’annonce habituellement ses projets de voyage qu’au dernier moment, mais sa présence est largement attendue.

« Je m’attends à ce que Xi Jinping arrive au G20 confiant grâce au mandat renouvelé qu’il vient de recevoir du Parti communiste chinois », a déclaré Drew Thompson, chercheur à l’Université nationale de Singapour et ancien responsable de la Chine pour le département américain de la Défense.

Mercredi, M. Biden exprimé son souhait de discuter en marge du G20 avec son homologue chinois de « lignes rouges » mutuelles à ne pas franchir, afin de réduire le risque de conflit après la montée en flèche des tensions autour de Taïwan.

Les experts ne s’attendent toutefois pas à une percée significative.

« Les différends politiques entre les États-Unis et la Chine sont profondément enracinées… Une réunion en marge d’une rencontre multilatérale n’est pas le lieu pour résoudre de telles différences stratégiques », a déclaré M. Thompson.

Il estime néanmoins que la discussion pourra permettre « une meilleure compréhension de ce que chaque partie attend de l’autre, ce qui peut, espérons-le, réduire les malentendus et prévenir les erreurs de calcul ».

Le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi, qui a tenu sa première réunion en personne avec l’ambassadeur des États-Unis en Chine le mois dernier, a multiplié depuis novembre les entretiens téléphoniques avec ses homologues australien, singapourien et français, ce qui laisse penser que Xi pourrait organiser davantage de réunions bilatérales de haut niveau lors du G20.

Montée des tensions

Les relations entre les États-Unis et la Chine se sont encore détériorées cette année à propos des tensions entre Pékin et Taïwan, mais aussi d’un rapport de l’ONU sur les droits de l’homme dans le Xinjiang ou encore  des restrictions américaines sur les exportations de semi-conducteurs visant à freiner l’industrie naissante des puces électroniques en Chine.

Lors du congrès du Parti communiste du mois dernier, M. Xi a mis en garde contre un climat géopolitique difficile, sans citer nommément les États-Unis, en énonçant dans un discours clé l’inévitable triomphe de la Chine sur l’adversité.

« Cette vision […] offre un nouvel ordre mondial ancré dans la puissance géopolitique chinoise plutôt qu’américaine », analyse l’ancien premier ministre australien Kevin Rudd dans la revue Foreign Affairs.  

Pékin ne perd pas non plus de vue la région : elle a envoyé le premier ministre Li Keqiang au Cambodge.

Xi Jinping devrait également assister au sommet de l’APEC à Bangkok, peu après le G20, a rapporté la semaine dernière le ministre thaïlandais des Affaires étrangères.  

Les médias japonais ont aussi évoqué une rencontre probable entre Xi Jinping et le premier ministre Kishida en marge de l’un des sommets. Selon le Wall Street Journal, M. Xi a également prévu une visite d’État en Arabie saoudite.