(Paris) Le réchauffement climatique a « probablement » aggravé les précipitations extrêmes à l’origine d’inondations catastrophiques au Pakistan, mettant en évidence la vulnérabilité de sa population face aux risques aggravés de tels cataclysmes, selon une étude du World Weather Attribution dévoilée jeudi.

« Les précipitations extrêmes dans la région ont augmenté de 50 à 75 % et certains modèles suggèrent que cette augmentation pourrait être entièrement due au changement climatique d’origine humaine, bien que les résultats présentent des incertitudes considérables », concluent les chercheurs du WWA, un réseau de scientifiques pionniers dans l’évaluation de l’impact du réchauffement climatique sur l’intensité et la probabilité d’évènements météorologiques extrêmes.

Près de 1400 personnes ont péri depuis juin dans ces inondations, qui ont noyé un tiers du Pakistan, touché environ 33 millions de personnes et causé plus de 30 milliards de dollars de dégâts.

Pour cette étude, les scientifiques ont utilisé les données météo et « 31 différents modèles » informatiques pour comparer le climat actuel avec celui de l’ère pré-industrielle, 1,2 °C moins chaud qu’aujourd’hui.

Selon leurs conclusions, « certains modèles suggèrent que le changement climatique a augmenté jusqu’à 50 % les précipitations totales sur 5 jours dans le Sindh et le Baloutchistan », lors du pic subi par ces deux provinces du sud qui ont reçu en août « sept et huit fois la pluviométrie normale ».

Les scientifiques ont aussi analysé les 60 jours de précipitations de mousson les plus fortes dans l’ensemble du bassin de l’Indus, entre juin et septembre, mais la modélisation « présentait de grandes incertitudes ».  

« Les modèles actuels ne sont pas entièrement capables de simuler les pluies » dans cette région « à la limite occidentale de la mousson » et dont les précipitations sont « extrêmement variable d’une année à l’autre », ont-ils analysé.

Par conséquent, « les scientifiques n’ont pas été en mesure d’estimer l’influence du changement climatique sur cet aspect ».

Toutefois, « ce que nous avons vu au Pakistan correspond exactement à ce que prévoient depuis des années les projections climatiques », a souligné lors d’un point presse Friederike Otto, de l’Imperial College de Londres.

Ayesha Siddiqi, géographe à l’université de Cambridge, a listé de son côté les facteurs d’aggravation de la catastrophe, notamment la conception et la gestion déficiente des cours d’eau, des digues et des barrages, issus de la période coloniale, ainsi que le manque de prévention et l’urbanisation incontrôlée.

« Il est essentiel, pour une compréhension complète de cette catastrophe, de la considérer comme le produit de processus historiques de vulnérabilité et d’inégalités dans le bassin de l’Indus, plutôt que comme le résultat d’un évènement météorologique unique », a-t-elle déclaré.

Pour Fahad Saeed, chercheur à Islamabad, « le Pakistan doit demander aux pays développés de prendre leurs responsabilités et de fournir une aide à l’adaptation, ainsi qu’un soutien en cas de pertes et de dommages, aux pays et aux populations les plus touchées par le changement climatique ».