(Nur-Sultan) Le pape François s’est livré mardi à un éloge du multilatéralisme face à la logique de « blocs » accentuant le risque de nouveaux conflits, au premier jour de sa visite au Kazakhstan, sur fond de tensions liées à la guerre en Ukraine.

« Je viens au moment de la guerre folle et tragique causée par l’invasion de l’Ukraine, tandis que d’autres affrontements menacent notre époque. Je viens amplifier le cri de tant de personnes qui implorent la paix », a déclaré le pape argentin lors de son premier discours devant les autorités et le corps diplomatique dans la capitale Nur-Sultan.

« Il faut éviter d’accentuer les rivalités et de renforcer les blocs opposés. Nous avons besoin de dirigeants qui, au niveau international, permettent aux peuples de se comprendre et de dialoguer, et engendrent un nouvel “esprit d’Helsinki” », a-t-il ajouté en référence aux accords de 1975.

Signés à l’issue de la conférence d’Helsinki sur la sécurité et la coopération en Europe, ces accords ont consacré la détente entre Occidentaux et Soviétiques après des décennies de Guerre froide.

Afin de « renforcer le multilatéralisme », le pape a insisté sur la nécessité de dialoguer « avec tous », dans une allusion implicite à la Russie alors que le Saint-Siège s’efforce depuis février de maintenir un contact diplomatique avec Moscou tout en dénonçant une guerre « cruelle et insensée ».

Il a également loué les atouts du Kazakhstan, « pays de la rencontre » entre de nombreux groupes ethniques, au « carrefour d’importants nœuds géopolitiques », y voyant un « laboratoire multiculturel unique ».

Reprenant les grands piliers de son pontificat, Jorge Bergoglio a salué « le renoncement (du Kazakhstan) aux armes nucléaires », ses « politiques énergétiques et environnementales axées sur la décarbonisation », le « dialogue inter-religieux » ou encore « l’affirmation de la valeur de la vie humaine à travers l’abolition de la peine de mort », actée en janvier 2021.

Il a également évoqué le « processus de démocratisation visant à renforcer les compétences du Parlement et des autorités locales ».

M. Tokaïev, arrivé au pouvoir en 2019, a engagé une série de réformes et proposé la tenue d’une élection présidentielle anticipée à l’automne. Les défenseurs des droits humains continuent toutefois de dénoncer la répression de toute opposition réelle au Kazakhstan et l’autoritarisme du pouvoir.

Selon le pape, qui a également fait référence aux émeutes meurtrières ayant secoué le pays en janvier, l’implication de la société civile et la lutte contre la corruption constituent « la réponse la plus efficace à d’éventuels extrémismes ».